Critiquée pour ses piètres performances économiques et sa mauvaise gestion de la crise des Rohingya, la conseillère spéciale de l’Etat et porte-parole de la présidence de la République de l’Union de Birmanie, Aung San Suu Kyi, au pouvoir depuis près de deux ans, veut marquer le coup. Elle a annoncé mercredi 3 janvier que le revenu minimum serait prochainement porté à l’équivalent de trois euros par jour en Birmanie, soit une hausse de plus de 30 %.

Près de trois ans après la première introduction d’un salaire minimum — à l’époque par un gouvernement de transition militaire —, ce salaire est ainsi porté à 4 800 kyats par jour, a annoncé le gouvernement dans le journal officiel Global New Light of Myanmar. Il devra être appliqué « dans toutes les entreprises de dix salariés ou plus », précise le texte officiel.

40 % sous le seuil de pauvreté

La Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi avait fait de l’économie et des progrès sociaux une de ses priorités lors des élections législatives historiques de 2015, qui ont porté son parti au pouvoir. Mais le « miracle économique » birman, célébré depuis l’autodissolution de la junte militaire en 2011, donne des signes d’essoufflement. La hausse du produit intérieur brut (PIB) s’est tassée en 2017, à + 5,9 %, selon le Fonds monétaire international, qui table cependant sur une reprise en 2018, avec + 6,7 %.

Mais dans le pays, qui reste l’un des plus pauvres d’Asie du Sud-Est, après des décennies d’isolationnisme de la junte au pouvoir, Aung San Suu Kyi n’a pour l’heure pas réussi à faire passer des lois censées rassurer les investisseurs étrangers. Le revenu annuel moyen y reste de moins de 950 euros, soit 80 euros par mois. Et près de 40 % des 51 millions de Birmans vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté.

Selon la Banque mondiale, la crise dans l’Etat Rakhine, dans l’ouest du pays, avec l’exode de plus de 650 000 musulmans rohingya depuis août 2017 (un « nettoyage ethnique » par l’armée birmane, selon l’ONU) pourrait en outre « avoir un impact négatif sur les investissements, déjà affectés par la perception des investisseurs d’un ralentissement des réformes ».

Un drone filme l'exode des Rohingya
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