L’unique site de production en France de Tupperware, à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, en août 2013. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Après les sauvetages compliqués du site de Whirlpool à Amiens et de GM & S à La Souterraine, le gouvernement pourrait se pencher sur un autre dossier, celui des 235 salariés de l’unique usine Tupperware en France, à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), dont la fermeture a été décidée par le fabricant de boîtes alimentaires en plastique. Les salariés de cette entreprise ouverte en 1973, à la fin des Trente Glorieuses, sont en grève depuis mardi 2 janvier pour réclamer un meilleur plan social, a-t-on appris mercredi auprès de la CGT, syndicat majoritaire dans l’entreprise.

« Toute l’usine est arrêtée », a déclaré M. Antonio Constantino, délégué CGT de l’entreprise, reine de la vente à domicile. Les représentants du personnel CGT avaient assuré début novembre, après l’annonce le 19 octobre de la fermeture de l’usine fin février, « ne pas vouloir créer de tensions supplémentaires » pour « négocier un PSE le plus correct possible ».

« C’est normal : aujourd’hui, on rentre dans le dur, on discute des primes supralégales de licenciement et de la durée de formation. On essaie d’obtenir le maximum, a expliqué mardi M. Constantino. Le groupe fait un chiffre d’affaires colossal, il faut que le plan social soit à la hauteur. »

Selon lui, la direction propose une prime supralégale équivalente à six mois de salaire pour les salariés ayant plus de trente ans d’ancienneté, avec une dégressivité d’un mois par tranche de dix ans d’ancienneté. L’ancienneté moyenne des salariés de l’usine est de trente-cinq à quarante ans, a-t-il précisé.

Le délégué CGT réclame également vingt-quatre mois de congé de formation pour les salariés de plus de 50 ans : « Ce sont les plus fragiles. Il faut qu’ils aient une formation à la hauteur pour pouvoir se reclasser. » Selon lui, la moyenne d’âge des salariés s’établit à 51 ans.

Tournure politique

Le secrétaire du comité d’entreprise, Patrick Richardeau, avait déclaré le 6 novembre 2017 que « le choix des salariés n’est pas de vouloir rentrer dans un jeu d’actions démesurées et incontrôlées ». Cette prise de position conciliante avait été vivement critiquée par les instances départementales du syndicat, ainsi que par la CFDT, syndicat minoritaire de l’entreprise.

Le maire Les Républicains de Joué-lès-Tours, Frédéric Augis, avait en revanche salué « la démarche de négociation avec l’employeur ». Le vice-président socialiste du conseil régional, Jean-Patrick Gille, avait de son côté dénoncé « un choix stratégique opportuniste [de la direction de Tupperware] à partir des ordonnances Macron ».

Rétablir la compétitivité

La direction générale de Tupperware a justifié sa décision de fermeture totale de l’usine et de la suppression des 235 emplois par « une surcapacité industrielle notable de son réseau de fabrication européen liée à une amélioration de sa productivité et à un ralentissement de ses activités commerciales en Europe centrale et occidentale et notamment en France ».

Tupperware, le roi de la vente à domicile, dispose de trois autres usines en Europe, au Portugal, en Grèce et en Belgique. Alors que la productivité permet de produire chaque année davantage, les ventes du groupe sont, au contraire, en berne. En particulier en France. Résultat : la capacité de production de Tupperware en Europe est supérieure de 35 % aux besoins. L’américain, dont les profits stagnent, a donc décidé de sacrifier une de ses usines sur le Vieux Continent.

Le groupe, fondé en 1946 par l’ingénieur Earl Tupper, espère ainsi « rétablir sa compétitivité », et regagner les faveurs d’investisseurs aujourd’hui dubitatifs.