A Piriapolis, en 2009. / MIGUEL ROJO / AFP

Le monde syndical argentin est ébranlé par la spectaculaire arrestation, jeudi 4 janvier, en Uruguay, de Marcelo Balcedo, secrétaire général du Syndicat des employés travaillant auprès de mineurs et dans l’éducation (SOEME), qui regroupe le personnel non enseignant des établissements scolaires et des universités en Argentine. Il est suspecté de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et de liens avec des groupes de narcotrafiquants.

Dans sa luxueuse résidence, « El Gran Chaparral », près de Piriapolis, à 40 km de la grande station balnéaire de Punta del Este, la Miami uruguayenne, la police a découvert plusieurs armes de guerre, une grande quantité de munitions, 500 000 dollars (415 000 euros) et quatorze voitures de luxe, pour un montant évalué à plus de 2 millions de dollars. Parmi elles, une Porsche, une Ferrari et une Mercedes-Benz McLaren. Le syndicaliste possède également deux autres propriétés dans le voisinage, dont une de quelque 90 hectares.

La cinquantaine joviale, Marcelo Balcedo est considéré comme un personnage extravagant par certains de ses confrères syndicalistes. Ingénieur de formation, avec un master en communication d’une université américaine, il est propriétaire de plusieurs médias, dont le quotidien Hoy, qu’il a fondé en 1993, à La Plata, fief de la famille péroniste.

« Vingt-huit ans de succès »

Les relations du clan Balcedo avec l’ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015) ont connu des hauts et des bas. Lors des législatives d’octobre 2017, Marcelo Balcedo avait toutefois réussi à placer son bras droit, Susana Mariño, sur la liste des candidats pour la province de Buenos Aires de l’Unité citoyenne (centre gauche), la coalition conduite par Mme Kirchner, qui a été élue sénatrice.

Il avait hérité de la direction du SOEME de son père, Antonio Balcedo, militant péroniste, mort en 2012, qui avait fondé le syndicat. A l’époque, certains affiliés avaient protesté, rappelant que la direction d’un syndicat n’était pas une charge héréditaire. Un mandat d’arrêt avait été lancé contre Marcelo Balcedo en 2007 pour extorsion auprès de députés et d’entrepreneurs afin d’obtenir des faveurs. En 2009, toute poursuite contre lui avait été abandonnée, une décision judiciaire qui avait fait polémique, et il était de retour à La Plata.

« L’argent de mon fils est le fruit de vingt-huit ans de succès à la tête d’un journal et d’une radio », a déclaré sa mère, Myriam Chavez, dite « Néné », qui a dirigé un temps le quotidien. « Atteinte à la liberté d’expression », a dénoncé à sa « une » Hoy, au lendemain de l’arrestation de son propriétaire.

Il est le troisième syndicaliste arrêté depuis l’arrivée au pouvoir du président de droite Mauricio Macri, en décembre 2015. Tous ont en commun d’avoir bâti d’immenses fortunes. Marcelo Balcedo pourrait être rapidement extradé en Argentine.