« Les négociations commerciales sont difficiles et compliquées », a reconnu Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), lors de la présentation de ses vœux à la presse, dans les locaux de l’organisation, mardi 9 janvier. Elle prévient que des agriculteurs pourraient mener des actions dans les prochains jours pour dénoncer la situation.

Un constat sans appel, fait alors que les Etats généraux de l’alimentation ont été clôturés le 21 décembre par le premier ministre, Edouard Philippe. Depuis le 22 juillet, tous les acteurs de la filière agroalimentaire – agriculteurs, industriels, distribution mais aussi associations de consommateurs, syndicats et ONG – ont mené d’intenses discussions pour tenter de rééquilibrer les rapports de force.

Mettre fin à la guerre des prix

Parmi les objectifs fixés par Emmanuel Macron, celui de mettre fin à la guerre des prix menée par les enseignes. Une guerre destructrice de valeur et source de prix non rémunérateurs payés aux agriculteurs. Le président de la République s’est engagé à promulguer une loi pour tenter de pallier le problème. Elle « devrait être présentée le 31 janvier », affirme Mme Lambert.

La loi ne sera donc pas applicable aux négociations commerciales entre industriels et distributeurs qui ont débuté en novembre et s’achèveront fin février pour fixer les prix annuels des produits. Le gouvernement a considéré que l’« esprit des Etats généraux » allait inspirer les discussions. D’autant que tous les acteurs ont fini par signer une charte d’engagement mi-novembre. Mais les chartes n’ont pas valeur de réglementation.

« Stress trop élevé »

« Les commerciaux qui vont dans les box de négociation de la grande distribution se font moquer quand ils évoquent la charte. Les distributeurs disent qu’ils s’assoient dessus. C’est un baroud d’honneur de nombre d’entre eux qui demandent des baisses de 2 à 8 % même sur des produits où la hausse des matières premières est avérée. Ils veulent même faire payer aux industriels laitiers le manque à gagner qu’ils ont eu sur le beurre lorsqu’ils refusaient d’augmenter les prix et que le beurre partait sur d’autres marchés », explique Mme Lambert. Elle raconte même que « des médecins du travail ont déconseillé à des commerciales enceintes d’aller dans les box de négociation pour raison de stress trop élevé ».

La FNSEA a donc écrit au ministère de l’agriculture et à Bercy pour demander une réunion du comité de suivi à Bercy comme le gouvernement s’y était engagé.