Le journaliste de Reuters Kyaw Soe Oo arrive au tribunal de Yangon, en Birmanie, le 10 janvier. / STRINGER / REUTERS

Deux journalistes de l’agence Reuters ont été mis en examen mercredi 10 janvier pour atteinte au « secret d’Etat » dans une enquête sur la situation dans l’ouest du pays, où l’armée est accusée d’« épuration ethnique » contre les Rohingyas. « Nous avons demandé leur libération sous caution mais cela a été rejeté par le procureur », a expliqué Khin Maung Zaw, leur avocat, après cette décision du tribunal de Rangoun qui douche les appels internationaux pour leur libération rapide. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis sont passibles de 14 ans de prison.

L’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne, très inquiets des atteintes à la liberté de la presse malgré l’arrivée au manettes d’un gouvernement civil dirigé par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, ont à plusieurs reprises déjà demandé leur libération.

Retour en arrière

Wa Lone, 31 ans, et Kyaw Soe Oo, 27 ans, avaient été arrêtés le 12 décembre juste après un dîner avec des policiers. Les deux reporters birmans sont accusés par la police de détenir des documents relatifs aux opérations des forces de sécurité dans l’ouest du pays, en Etat Rakhine. Plus de 650 0000 Rohingyas ont fui cette zone depuis fin août et le début de l’opération de l’armée militaire birmane.

L’ONU demande à la Birmanie de mettre fin à l’opération militaire contre les Rohingyas

L’Assemblée générale des Nations unies a exhorté la Birmanie à mettre fin à son opération militaire visant la minorité musulmane persécutée des Rohingyas et demandé à ce qu’un émissaire onusien soit désigné.

La résolution, soumise par l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), a été adoptée dimanche par 122 voix contre 10, et 24 absentions. Chine, Russie, Cambodge, Laos, Philippines, Vietnam, Biélorussie, Syrie et Zimbabwe se sont opposés au texte.

Le texte appelle le gouvernement birman à autoriser l’accès des travailleurs humanitaires, assurer le retour des réfugiés et offrir une citoyenneté à part entière aux Rohingyas qui, privés de nationalité birmane, constituent la plus grande population apatride au monde.

Aux termes de la résolution, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, doit également nommer un envoyé spécial pour la Birmanie.

Plus de 650 000 Rohingyas ont fui les persécutions de l’armée de ce pays à forte majorité bouddhiste qui commet, selon les termes de l’ONU et des Etats-Unis, un « nettoyage ethnique » depuis le lancement d’une offensive militaire en août dernier.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU estime ne « pas pouvoir exclure la possibilité d’actes de génocide » concernant les Rohingyas. Des accusations rejetées en bloc par l’armée et le gouvernement birmans.

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, les poursuites contre les journalistes de Reuters soulignent un retour en arrière en matière de liberté de la presse dans un pays dirigé par l’ex-icône de la démocratie Aung San Suu Kyi. En 2017, au moins 11 journalistes ont été arrêtés en raison de leur travail.