Depuis quelques jours, le Parti socialiste connaît une recrudescence de candidats au poste de premier secrétaire. Si Najat Vallaud-Belkacem, pressentie pour postuler, a expliqué qu’elle préférait prendre du recul, l’ancien ministre Stéphane Le Foll et le chef de file des députés PS Olivier Faure ont tous deux annoncé, mardi, leur candidature. L’eurodéputé Emmanuel Maurel a fait de même mercredi. Ils rejoignent le député Luc Carvounas, qui s’est lancé dès fin novembre 2017. Dans un tchat, mercredi 10 janvier, Enora Ollivier, chargée du suivi du PS au Monde, a répondu aux questions des internautes. En voici les principaux extraits.

Bun : Combien de temps reste-t-il aux éventuels candidats supplémentaires pour présenter leur candidature ? D’autres noms circulent-ils ?

Les candidats ont jusqu’au 27 janvier pour se faire connaître. C’est ce samedi-là que les intéressés déposeront leur motion en vue du congrès au cours d’un conseil national (le parlement du parti) dédié.

D’autres noms de potentiels candidats circulent en effet : Julien Dray a dit qu’il « pensait » au poste et « pas simplement en se rasant » ; Rachid Temal a, lui, avancé que sa candidature n’était « pas impossible ». Mais iront-ils jusqu’au bout ?

Lisa : Toujours et encore que des hommes…

C’est effectivement une caractéristique de cette campagne qui commence. La décision de Najat Vallaud-Belkacem de ne pas concourir pour le poste de premier secrétaire rend bien masculine la compétition, ce qui commence à être remarqué. Et aucun nom de femme ne circule vraiment parmi les potentiels autres candidats.

Léo : Quid d’une candidature de Christiane Taubira, très populaire à gauche ?

Christiane Taubira bénéficie, en effet, d’une certaine popularité à gauche… mais elle n’est pas membre du Parti socialiste !

Michèle : Plus de candidats que d’adhérents ?

Vous êtes un peu sévère. Mais il est vrai que le PS a perdu beaucoup d’adhérents ces dernières années. Aujourd’hui, il y en a officiellement 90 000, selon les chiffres annoncés par le coordinateur du parti, Rachid Temal ce matin. Mais tous ne sont pas forcément à jour de cotisation.

A noter que le PS espère faire revenir quelques militants déçus à l’occasion du congrès d’Aubervilliers qui se tiendra en avril. Les anciens adhérents qui ont quitté le parti à partir de 2015 pourront, en effet, participer au vote pour le premier secrétaire en ne réglant que la cotisation pour 2018 et non les années précédentes non payées, comme cela devrait être la règle.

Jean Chrysostome : Pouvez-vous rappeler le mode de scrutin ?

Le premier secrétaire est élu au terme d’un scrutin à deux tours. Le premier aura lieu le 15 mars : ce jour-là, les adhérents sont appelés à voter pour une « motion » – ou texte d’orientation – portée par un candidat et plusieurs signataires.

Les premiers signataires des deux textes arrivés en tête seront ensuite départagés le 29 mars, et le vainqueur deviendra premier secrétaire. Entre les deux tours, les deux finalistes ont tout intérêt à former des alliances avec les têtes de liste qui n’ont pas réussi à se qualifier…

Ike : A quelles « chapelles » internes au PS appartiennent les quatre personnalités candidates ?

Pour résumer en quelques lignes : Stéphane Le Foll et Olivier Faure font partie du « pôle central » du PS, le pôle social-démocrate. M. Le Foll est un « hollandais historique », il a été ministre pendant tout le quinquennat et porte-parole du gouvernement pendant trois ans, de 2014 à 2017.

Mais s’il est moins étiqueté que son camarade, M. Faure a longtemps travaillé également avec François Hollande, dont il a été le directeur adjoint de cabinet à Solférino.

Luc Carvounas a un parcours plus sinueux. Il a été longtemps proche de Manuel Valls, dont il était même réputé pour être le « porte-flingue ». Il a désormais rompu avec l’ancien premier ministre et défend une ligne de discussion avec l’ensemble de la gauche.

Enfin, Emmanuel Maurel représente l’aile gauche du PS.

Nel : Où est Martine Aubry, la seule à pouvoir faire renaître le parti ?

Martine Aubry avait averti dès septembre qu’elle ne se mêlerait pas de la vie du PS au niveau national, qu’elle « aiderai[t] à sa place » mais qu’il fallait, selon elle, « changer de génération ».

Ce matin, elle qui a été première secrétaire de 2008 à 2012 a tout de même livré quelques commentaires sur la période actuelle. Elle a dit avoir son idée sur son candidat préféré, mais elle attend de « regarder le fond » des projets des postulants avant d’annoncer son choix.

Elle a donné son avis sur les qualités que devait avoir un premier secrétaire, selon des propos rapportés par nos confrères de l’AFP : « Il faut quelqu’un qui ait de l’autorité : j’ai été bien placée pour savoir qu’on n’était pas au pays des Bisounours ! Il faut une ligne et ramener tout le monde dans cette ligne. L’unité ne se déclare pas en disant “ne nous divisons pas”, c’est très bien qu’il y ait plusieurs candidats sur des lignes à l’évidence différentes. L’unité pour l’unité, ça ne veut rien dire (…). »

Pierre Landier : Et François Hollande dans tout ça ?

François Hollande est réputé pour suivre de très près la course à la tête du parti, mais il ne s’exprime pas publiquement sur le sujet. A l’automne, il avait promu, via des proches, une candidature de Bernard Cazeneuve… qui avait fait pschitt !

En revanche, quelques-uns de ses amis parlent. François Rebsamen, maire de Dijon et ancien ministre, soutient la candidature de Stéphane Le Foll. Ce matin, l’ex-ministre Michel Sapin s’est réjoui qu’il y ait plusieurs candidatures, car cela signifie, selon lui, « qu’il y a encore un avenir pour le PS » et « de quoi se battre ».

Mais il a dit aussi craindre « une guerre des ego » de la part de personnes qui n’auraient, pour lui, pas de raison de se confronter, puisqu’ils « vont écrire la même chose » en termes de programme – il visait, sans les nommer, Olivier Faure et Stéphane Le Foll.

Kappa : Est-il prévu que le parti adopte un nouveau nom comme on avait pu l’entendre lors des derniers mois ?

Stéphane Le Foll est toujours favorable à ce que le parti change de nom pour « Les Socialistes ». La question sera peut-être soulevée pendant la campagne mais je n’ai pas le sentiment qu’elle soit considérée comme prioritaire pour les candidats.

Antoine : Quelle place pour le PS entre Mélenchon et Macron ?

C’est un des grands enjeux des mois qui viennent. Le PS est mis au défi de prouver qu’il existe une place pour la pensée socialiste dans la recomposition politique en œuvre depuis 2017. Mais pour cela, il doit déjà se reconstruire, mettre à sa tête une nouvelle direction, définir clairement sa ligne politique pour que ses messages puissent être audibles.