Emmanuel Macron et le premier ministre, Paolo Gentiloni, à Rome, le 11 janvier. / ALESSANDRA TARANTINO/AP

Des marques d’attention tout au long de la visite, un soutien appuyé aux positions italiennes sur les questions migratoires et même l’annonce pour 2018 de la conclusion d’un « traité du Quirinal » formalisant l’amitié entre Paris et Rome, sur le modèle du traité de l’Elysée qui avait scellé la réconciliation entre la France et l’Allemagne fédérale, en 1963. Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses démonstrations d’amitié envers le gouvernement italien lors de sa visite officielle à Rome, mercredi 10 et jeudi 11 janvier.

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue conjointement avec le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, en clôture de la visite, le président français a ainsi théorisé une « relation particulière » entre les deux pays, indépendamment de l’entente franco-allemande, « structurante » de l’Union européenne mais « pas exclusive ». Les tensions de l’été 2017, provoquées par les désaccords sur la question libyenne, la crise migratoire et l’annonce de la renationalisation temporaire des chantiers navals de Saint-Nazaire, semblent avoir été parfaitement apaisées.

Emmanuel Macron est même allé plus loin en faisant l’éloge du chef du gouvernement italien, à l’approche du terme de son mandat – les élections législatives se tiendront le 4 mars, dans moins de deux mois, et leur résultat est très incertain. « Je veux souligner le bonheur que cela a été de travailler ces derniers mois aux côtés de Paolo Gentiloni, a-t-il lancé à la fin de sa déclaration. L’Europe a besoin d’avoir une Italie qui croit en l’Europe, et j’espère que cela continuera ainsi. »

Débats autour de la crise migratoire

Un message de soutien aussi explicite que possible, alors que l’usage, en période préélectorale, commande une certaine réserve lors de rencontres diplomatiques, et que la droite et le Mouvement 5 étoiles, donnés comme les deux forces montantes à la veille du scrutin, multiplient les déclarations eurosceptiques.

Au-delà de ces assauts d’amabilité, dont le point d’orgue aura été le lancement du chantier d’un traité du Quirinal, dont les contours restent à définir, les débats ont surtout porté sur la crise migratoire. Le 10, cette dernière avait déjà été au cœur des discussions du « Med 7 » – un groupe composé des chefs d’Etat et de gouvernement de sept pays du sud de l’Europe, le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie, Malte, Chypre et la Grèce – réuni à Rome pour un dîner de travail.

Interrogé sur les efforts à fournir pour mieux aider l’Italie, en première ligne dans l’accueil des migrants, M. Macron a réaffirmé sa volonté d’arriver à « mettre un terme aux dysfonctionnements du système de Dublin », qui donne en principe au pays d’entrée dans l’UE la responsabilité de traiter les demandes d’asile.

Puis, Emmanuel Macron a souligné les efforts de la France en la matière, notamment les plus de 100 000 demandes d’asile enregistrées par l’Ofpra en 2017, ainsi que l’importance de mettre sur pied un système plus efficace de gestion des requêtes. Avant de mettre en garde contre les « faux bons sentiments » véhiculés, selon lui, par les associations d’aide aux migrants et les intellectuels qui dénoncent, notamment dans le numéro de L’Obs du 10 janvier, l’inhumanité des politiques migratoires mises en œuvre par le gouvernement : « Parfois, quand il y a des désaccords entre le peuple et les intellectuels, c’est parce qu’il y a de la confusion chez les intellectuels. »