Des policiers tunisiens chargent les manifestants à Tebourba, à 30 km de Tunis, le 10 janvier. / AMINE LANDOULSI / AP

Au troisième jour d’une contestation alimentée par des mesures d’austérité, la tension ne diminue pas en Tunisie. De nouveaux heurts ont éclaté dans la soirée du mercredi 10 janvier entre manifestants et policiers dans plusieurs villes.

Depuis lundi, des troubles sociaux ont été enregistrés dans le pays, sept ans après le début du « printemps arabe » avec une révolution qui réclamait travail et dignité et avait fait tomber le dictateur Zine El-Abidine Ben Ali.

Déjà la semaine dernière, des manifestations pacifiques sporadiques avaient dénoncé la hausse des prix et un budget d’austérité prévoyant entre autres des augmentations d’impôts.

Des tirs massifs de lacrymogène

A Siliana (nord-ouest) des jeunes ont jeté mercredi soir des pierres et des cocktails Molotov sur des agents sécuritaires et tenté de s’introduire dans un tribunal dans le centre de cette ville. La police a riposté par des tirs de lacrymogènes.

Des échauffourées ont de nouveau eu lieu à Kasserine, dans le centre défavorisé du pays où des jeunes de moins de 20 ans tentaient de bloquer les routes avec des pneus en feu et jetaient des pierres sur des agents sécuritaires.

Plusieurs dizaines de manifestants sont aussi descendus dans la rue à Tebourba, à 30 km à l’ouest de Tunis où a été enterré, mardi, l’homme mort lors de heurts dans la nuit de lundi. La police a riposté par des tirs massifs de lacrymogène.

Selon des médias locaux, des scènes similaires ont eu lieu dans des quartiers près de la capitale.

Tunisie : des manifestations anti-austérité émaillées de heurts
Durée : 01:57

237 personnes arrêtées

Lors d’une visite mercredi à El-Battan, près de Tebourba, le premier ministre Youssef Chahed a condamné les actes de « vandalisme » qui, selon lui, « servent les intérêts des réseaux de corruption pour affaiblir l’Etat ». Il a pointé du doigt le Front populaire, un parti de gauche opposé au budget.

Dans la nuit de mardi à mercredi, 49 policiers ont été blessés, 237 personnes arrêtées et des fourrières ont été attaquées, a rapporté le ministère de l’intérieur en accusant des casseurs d’avoir été payés par des meneurs politiques. Aucun bilan d’éventuels blessés parmi les protestataires n’a pu être obtenu auprès des autorités.

L’armée a été déployée autour de banques, bureaux de postes et autres bâtiments gouvernementaux sensibles dans les principales villes du pays, a fait savoir le ministère de la défense.

Si la Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, est parvenue jusque-là à faire avancer sa transition démocratique, elle reste engluée dans la morosité économique et sociale.