Emmanuel Macron pendant l’inauguration de l’école Centrale Supélec sur le campus de l’universite Paris-Saclay, en octobre 2017. / ETIENNE LAURENT / AFP

La question de la suppression des départements de la petite couronne parisienne n’est pas la seule à provoquer des tensions quant à l’avenir de la métropole du Grand Paris, en ce début d’année. A l’université Paris-Saclay, pétitions et lettres ouvertes se multiplient depuis quelques semaines au sujet de la future ligne 18 du Grand Paris Express, vaste projet de construction d’environ 200 kilomètres de lignes de métro supplémentaires.

« L’arrivée de la ligne 18 est une absolue nécessité pour la réussite du projet du plateau de Saclay et ne doit pas être reportée », alerte l’université Paris-Saclay elle-même, dans une pétition lancée sur la plate-forme Change.org, mardi 9 janvier, qui avait déjà réuni 10 180 signatures deux jours plus tard.

Des rumeurs d’un report de trois ou quatre ans

Selon l’université, « il semble que l’arrivée de la ligne 18 du Grand Paris Express sur le plateau de Saclay en 2024 serait remise en cause par le gouvernement ». Alors même que l’existence de cette ligne « était un préalable majeur au déménagement des écoles, des facultés et des industriels et à la construction de nouveaux logements indispensables pour nos étudiants et nos personnels », ajoute le texte, dont Emmanuel Macron est le destinataire.

En cause : une réunion qui aurait eu lieu à la fin du mois de décembre à l’Elysée pendant laquelle le sort de cette ligne, devant désenclaver le pôle technologique du plateau de Saclay, aurait été scellé, rapporte au Monde un observateur. Les rumeurs évoqueraient un report de la construction de la ligne de trois ou quatre ans.

Emmanuel Macron est pourtant venu à Saclay en octobre pour défendre et relancer « ce cœur battant de la science française », avec de prestigieuses écoles, universités et organismes qui représentent 15 % à 20 % du potentiel de recherche français, en actant, faute de consensus, sa séparation en deux pôles, l’un autour de l’université Paris-Sud, l’autre autour de Polytechnique.

Lettres ouvertes

Les bruits de couloirs sur le report de construction de la ligne 18 sont assez sérieux pour avoir aussi fait réagir, le 27 décembre, le mathématicien et député de l’Essonne (La République en marche) Cédric Villani. Dans une lettre au premier ministre, il soulignait, avec la députée Amélie de Montchalin, que « la date de livraison [de la ligne 18] fixée à 2024 est déjà si lointaine quand on songe aux difficultés quotidiennes de desserte vécues par des milliers d’étudiants, chercheurs et ingénieurs, en nombre croissant ; une décision de report serait interprétée comme totalement déconnectée des besoins du terrain ».

Le 10 janvier, rapporte l’agence de presse spécialisée AEF, c’était au tour des étudiants de la communauté d’universités et établissements du plateau d’adresser une lettre ouverte au président de la République et au premier ministre en leur rappelant qu’« assurer des moyens de transports rapides, fiables, durables, permettant de rendre le campus Paris-Saclay facile d’accès et intégré à son territoire est une prérogative de l’Etat ».

Des chercheurs et personnalités du plateau, parmi lesquels de nombreux membres des académies (sciences, technologies) et médaillés institutionnels, prévoient, eux aussi, de monter au créneau dans les jours qui viennent en publiant une lettre ouverte au président de la République.