Hervé Télémaque, « New York-Villejuif », à la Galerie Guttklein Fine Art, jusqu’au 24 février. / Galerie Guttklein Fine Art.

Il peut suffire de quelques œuvres pour rappeler la force et la singularité d’un artiste. Il y a six Télémaque dans cette exposition, la plupart jamais montrés. Le plus ancien, Histoire sexuelle, date de 1960, quand le jeune peintre haïtien établi à New York s’extirpe de l’expressionnisme abstrait et glisse des figures humaines rudimentaires entre les taches et gestes colorés. L’année suivante, il part des Etats-Unis pour cause de racisme. No Title (The Ugly American) ose, en 1962, une description féroce de la société qu’il a quittée en dispersant des formes symboliques, corps et têtes grotesques, bribes de comics, croix et graffitis. La Boîte à malice, l’année suivante, est plus narquoise, avec son saucisson attaché au châssis. Ensuite, le dessin devient net et tranchant, les couleurs plus plates, les objets prolifèrent. Un plumeau, un livre et un journal éventré participent au très remarquable Portrait d’André Breton de 1966. Un torchon fait la moitié de Déjà-vu en 1967, torchon rayé comme un Buren d’avant Buren. Et pour finir une œuvre monumentale, Témoins. Le sujet en est l’Afrique, où l’aïeul de l’artiste fut capturé et vendu comme esclave au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, les musées nord-américains s’intéressent à Télémaque, enfin.

Hervé Télémaque, New York-Villejuif. Galerie Guttklein Fine Art, 12, rue de Seine, Paris 6e. Tél. : 01-43-25-66-66. du mardi au vendredi de 10 heures à 13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, le samedi sur rdv. Jusqu’au 24 février. www.guttkleinfineart.com