Carla Bruni a partagé son anniversaire avec quelques centaines de milliers de lecteurs. / Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde

Cette commémoration-là, on ne l’avait pas vue venir. On était chaud – déjà la larme à l’œil et le doigt sur la couture du pantalon – pour les 100 ans de l’armistice de 1918, les 60 ans du retour du général de Gaulle au pouvoir, le demi-siècle de Mai 68, les 40 ans de la mort de Claude François et les 20 ans de la victoire de la bande à Zidane lors de la Coupe du monde de football. 2018 nous promettait des nostalgies en tous genres.

En comparaison, 2017 nous avait laissés sur notre faim. Comment frissonner aux 30 ans de la création de M6, ou aux 100 ans de la disparition de l’aviateur Georges Guynemer ? Il manquait un événement, un vrai, fédérateur et concernant. Nous ignorions encore que Carla Bruni fêtait son demi-siècle, le 23 décembre exactement, un jour caché dans les derniers replis du calendrier.

Comment peut-on être aussi étourdi ! Nous étions trop occupé à faire des paquets cadeaux, sans doute. Heureusement, la semaine dernière, Paris Match et Elle sont venus réparer cet oubli en consacrant leur toute première couverture de ce début d’année à cette information qui, sans eux, serait restée largement occultée. C’eut été dommage.

Rebelle et rangée

Il y a plusieurs manières de célébrer son anniversaire. Entre amis, en famille, seul comme un rat avec une bouteille de mauvais alcool en ruminant sur ce foutu temps qui passe (croyez-nous : on a tout essayé). Carla Bruni, elle, a décidé de fêter ça avec quelques centaines de milliers de lecteurs. Pour Match, son ami le photographe Gilles Bensimon l’a entraînée à l’Hôtel Meurice à Paris pour faire quelques photos, pendant que son amie la journaliste Tristane Banon lui posait quelques questions (« Es-tu vraiment aussi polie qu’on le croit ? »).

Si on n’a pas sauté sur un lit du Meurice à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie.

L’ex-égérie des podiums et ex-première dame de France se livre sur ses goûts : « Dans la vie courante, je n’aime que le naturel. » Sur l’amitié : « C’est assez rare. C’est comme un amour sans désir. » La perte de l’innocence : « L’insouciance est un sentiment rare et qui m’attire comme un souvenir de jeunesse. » C’est joliment dit. Entre-temps, elle saute sur les lits du palace en faisant voler ses cheveux. Si on n’a pas sauté sur un lit du Meurice à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie.

Voilà, elle est comme ça Carla Bruni. Rebelle et rangée (« je suis très dépendante de lui » – « lui », c’est Nicolas Sarkozy, même plus la peine de le nommer), nostalgique et inquiète (« Nous sommes dans une époque un peu sombre. »). Elle n’a rien à vendre. Son dernier disque (French Touch) est sorti à l’automne 2017 ; son prochain concert en France est prévu en mai. Elle est là, tout simplement, et n’a rien d’autre à faire savoir.

« J’ai 50 ans ce soir », de Jean-Claude Pascal

Jean-Claude Pascal - J'ai 50 ans ce soir
Durée : 02:43

Vieillir c’est aussi ça : rappeler qu’on existe, conjurer l’oubli. Elle aurait pu pour l’occasion composer une chanson, le chaînon manquant entre 40 ans (Michel Sardou) et La vie commence à 60 ans (Tino Rossi). Mais celle-ci existe déjà, interprétée par Jean-Claude Pascal (1927-1992), acteur, chanteur et sosie de Dean Martin : « J’ai 50 ans ce soir et si je crâne un peu/C’est que l’âme est solide et si je prends des poses/Ce n’est que par instants quand la peur se repose… » Bon, là on a peut-être gâché l’ambiance…