Les restrictions au réseau social Telegram imposées en Iran lors des récents troubles meurtriers ayant touché plusieurs dizaines de villes du pays ont été levées dans la nuit de samedi à dimanche 14 janvier, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse, une information confirmée par un responsable des relations publiques du ministère des télécommunications iranien.

L’Iran a été touché du 28 décembre au 1er janvier par des troubles à l’occasion de manifestations contre la vie chère et le pouvoir dans plusieurs dizaines de villes, qui ont fait officiellement 21 morts, surtout chez les manifestants. Les autorités avaient coupé durant les troubles l’accès à la messagerie cryptée Telegram, ainsi qu’au réseau social de partage de photo Instagram.

Instagram rétabli le 6 janvier

Ces deux applications sont accessibles avec un téléphone portable. Telegram est un service d’échange de messages sécurisés à deux ou en groupe, où chacun peut aussi créer une « chaîne » de publication ouverte au public. L’appareil d’Etat avait alors accusé des groupes « contre-révolutionnaires » d’avoir lancé, depuis l’étranger et à travers ces plates-formes, des appels à manifester.

Selon l’agence iranienne ISNA, « le filtrage provisoire de Telegram et certaines restrictions appliquées ces deux dernières semaines (…) ont été totalement levées sur ordre du président de la République », Hassan Rohani. L’accès à Instagram avait été rétabli dès le 6 janvier, mais Telegram était depuis resté seulement accessible grâce à un réseau privé virtuel, un VPN.

Le président Rohani avait promis, le 8 janvier, qu’il serait rouvert. Mais les organes de sécurité semblaient réticents à lever la censure sur ce réseau, ce qui avait donné lieu à une passe d’armes au sein du pouvoir iranien. Mardi, le président iranien avait critiqué ceux qui voulaient maintenir les restrictions sur les réseaux sociaux, trouvant que celles-ci pouvaient difficilement se justifier au-delà de « deux jours ou cinq jours ».

Divisions à la tête du régime

Quatre jours plus tôt, un des responsables de l’organe national de lutte contre la cybercriminalité, Abdolsamad Khoramabadi, adjoint du procureur général de l’Iran, avait accusé le gouvernement de ne pas avoir appliqué l’ordre donné depuis des mois de bloquer les canaux qui invitent « la population à la violence » sur Telegram.

Avec 40 millions d’utilisateurs actifs, soit la moitié de la population iranienne, Telegram a fini par occuper, en quelques années à peine, une place non négligeable dans l’économie du pays. Les Iraniens l’utilisent pour rester en contact avec leurs proches, mais aussi pour développer leur commerce.

Depuis les grandes manifestations de 2009 contre la réélection de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, Facebook, Twitter et YouTube sont bloqués en Iran, mais restent accessibles à l’aide d’un VPN.