La croissance d’Airbus a été principalement soutenue par les ventes de son moyen-courrier A320neo. / ERIC CABANIS / AFP

Fabrice Brégier, numéro deux du groupe Airbus, et John Leahy, le mythique directeur commercial, partiront, en février, sur un record de livraisons pour l’avionneur européen. En 2017, Airbus a, pour la première fois de son histoire, dépassé le cap des 700 livraisons, avec 718 appareils livrés. Toutefois, il termine une nouvelle fois derrière son grand rival Boeing, qui a livré 763 avions en 2017.

Cette bataille n’est pas que symbolique. En effet, c’est au moment de la livraison que les avionneurs sont payés par les compagnies clientes.

Battu en nombre de livraisons, Airbus s’est, en revanche, imposé en termes de prise de commandes. En 2017, l’avionneur de Toulouse a enregistré 1 109 commandes contre seulement 912 pour Boeing. Au total, en 2017, le carnet de commandes d’Airbus s’est gonflé de 154 milliards de dollars (125,3 milliards d’euros) supplémentaires. « Nous avons établi un nouveau record. Ce succès qui s’ajoute à un cinquième record de prises de commandes font de cette année un excellent millésime », s’est félicité, lundi 15 janvier, Fabrice Brégier.

Dans le détail, la croissance de l’avionneur européen a été principalement soutenue par les ventes de son moyen-courrier A320neo. En 2017, 558 appareils de la famille A320 ont été commandés dont 181 Neo, des moyen-courriers remotorisés pour consommer moins de carburant.

Difficultés sur les avions long-courriers

Ultradominateur sur le moyen-courrier, Airbus rencontre plus de difficultés avec ses long-courriers. Notamment le super-Jumbo A380. M. Brégier a confirmé les propos, « un peu crus », selon lui, de M. Leahy, qui a affirmé que, faute de nouvelle commande de la part d’Emirates, Airbus devra arrêter la production d’A380. « Très honnêtement, si nous n’arrivons pas à un accord avec Emirates (…), il n’y aura pas d’autre choix que d’arrêter le programme », a affirmé le directeur commercial.

Pour M. Brégier, « l’A380 va connaître des années difficiles ». Toutefois, le numéro deux de l’avionneur, qui doit quitter ses fonctions en février, garde confiance. Airbus « continue ses discussions avec Emirates ». La compagnie de Dubaï, principale cliente de l’A380, a déjà reçu 103 exemplaires du super-Jumbo et voudrait « en reprendre quelques dizaines de plus », a affirmé M. Brégier. Avant de se décider, Emirates demande à Airbus « des garanties sur le maintien du programme A380 dans la durée ». Selon le numéro deux, les discussions devraient aboutir, au plus tard, « dans les prochaines semaines ».

Ces incertitudes vont avoir une incidence sur l’économie du programme du très gros porteur. Toutefois a tenu à préciser M. Brégier, l’absence de commandes d’A380 « ne devrait pas peser de façon significative sur la performance d’Airbus ». Finalement, l’avionneur européen garde l’espoir de convaincre, « dans la durée », les compagnies chinoises de devenir clientes de l’A380. En attendant, Airbus va réduire le rythme de production de son super-Jumbo. Six exemplaires seront assemblés chaque mois contre douze aujourd’hui.

Dix années de production garantie

Malgré la mauvaise passe traversée par l’A380, Airbus prévoit toujours de dépasser Boeing en nombre de livraisons en 2020. L’avionneur a bientôt rattrapé son rival américain, avec déjà « 48,5 % de part de marché des livraisons », a expliqué M. Brégier. Pour voir l’avenir en rose, l’européen table sur « un plus gros catalogue de commandes » que celui de Boeing.

Enfin, le « potentiel de croissance » du constructeur américain serait plus limité, notamment pour son long-courrier 787, qui doit sortir des chaînes au rythme de quatorze par mois. De son côté, Airbus prévoit toujours de produire plus de dix A350, chaque mois, auxquels s’ajoutent dix A330.

Dans le futur, la performance d’Airbus sera principalement liée à la réussite de la montée en cadence de la production de l’A320. D’ici à la mi-2019, il a prévu d’en produire soixante exemplaires par mois, mais seulement si « les motoristes sont capables de suivre », a précisé M. Brégier. Le motoriste américain Pratt & Whitney, qui équipe une partie des A320, a, ces derniers mois, rencontré des difficultés pour fournir des moteurs en temps et en heure.

A l’examen, les difficultés rencontrées par Airbus doivent aussi être relativisées par son carnet de commandes. Fin 2017, il s’élevait à 7 265 appareils pour une valeur, prix catalogue de 1 059 milliards de dollars, soit près de dix années de production garantie.