Laurent Wauquiez à Paris le 13 décembre 2017. / ERIC FEFERBERG / AFP

Laurent Wauquiez apprend en ce mois de janvier un art qui lui est relativement inconnu : celui de la patience. Elu il y a un peu plus d’un mois président du parti Les Républicains (LR), l’ambitieux chef de file de la droite, âgé de 42 ans, s’efforce de rebâtir les bases de sa formation avant de se lancer tête baissée dans l’opposition à Emmanuel Macron. Une nécessité pour celui qui prétend incarner l’alternative au président de la République, et doit avant tout réunir autour de lui ce qu’il reste de sa famille politique. Ses premières semaines comme patron de LR sont donc consacrées en grande partie aux nominations au sein des structures dirigeantes. « C’est une machine à remettre en place. Il y a tout un boulot de fond », avance-t-on dans son entourage.

En ce début d’année, M. Wauquiez a attendu deux semaines avant de refaire son apparition dans le débat politique national. Dans un entretien au Journal du dimanche, dimanche 14 janvier, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a affiché une opposition radicale à Emmanuel Macron sur à peu près tous les sujets, et tenté de se poser en héraut d’une France populaire. L’économie ? « Il y a un acharnement du gouvernement contre les classes moyennes, (…) cette France des gens modestes qui prennent leur voiture pour aller travailler et qui, eux, ne profiteront pas des dispositions sur les produits financiers », dénonce-t-il. L’abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines routes ? « Une approche typiquement technocratique. » Le projet de loi asile et immigration ? « Un catalogue de mesures techniques qui ne changeront rien à la vague migratoire. »

« Faire vivre les sensibilités »

Cette prise de parole sera en théorie une de ses rares incursions médiatiques d’ici à la fin du mois. Le président de LR prépare en priorité deux événements : son passage à « L’Emission politique » de France 2, le 25 janvier, puis la réunion, deux jours plus tard, du conseil national de LR, le parlement du parti. Une instance dont il a décidé de confier la présidence à l’ancien centriste Jean Leonetti.

Dans son entretien au JDD, M. Wauquiez a confirmé vouloir réunir les figures reconnues et expérimentées de LR au sein d’un comité stratégique. « L’idée est de faire vivre les différentes sensibilités sans pour autant recréer des courants », explique au Monde un dirigeant. Une hypothèse qui suscite quelques haussements de sourcils. « Les sensibilités, il faut qu’elles s’expriment au bureau politique et à la commission d’investiture, il ne s’agit pas juste de les afficher », estime un proche de Valérie Pécresse. Le député du Vaucluse Julien Aubert aurait en tout cas refusé de prendre la tête d’un tel comité, préférant devenir secrétaire général adjoint du parti. L’objectif de rassemblement qui sous-tend ce projet reste en tout cas plus que jamais d’actualité : dans Le JDD, le juppéiste Dominique Bussereau a annoncé pour sa part se mettre « en congé » de LR, dénonçant une ligne trop radicale.

De son côté, Mme Pécresse peut se féliciter d’avoir obtenu gain de cause, puisque Laurent Wauquiez s’est montré ouvert à l’idée que son mouvement Libres ! devienne un mouvement associé de LR. « Au même titre que Chasse, pêche, nature et traditions, et que Sens commun », a-t-il précisé, non sans malice. « C’est un premier pas, à suivre », commente-t-on dans l’entourage de la présidente de la région Ile-de-France.

Comme l’a révélé L’Opinion, un centre d’études politiques pourrait également voir le jour en marge du parti et être dirigé par Bernard Accoyer, qui a quitté en décembre ses fonctions de secrétaire général de LR. « Si on me propose cette responsabilité, je l’assumerai, assure au Monde l’intéressé. Les partis politiques n’appuient pas assez leur réflexion sur un travail d’amont, de connaissances. » Ce centre d’études n’aura « pas la prétention d’être la Fondapol [un think tank de droite] ou la Fondation Konrad Adenauer [qui est adossée à la CDU, en Allemagne], mais ça s’en inspire », revendique l’ancien président de l’Assemblée nationale. Favoriser le temps long : une maxime que Laurent Wauquiez tente de s’appliquer en ce début d’année.