Festival Faits d’Hiver à Paris, jusqu’au 17 février. / DR

Le festival de danse Faits d’hiver a 20 ans. Il a pris de l’ampleur sans laisser au vestiaire son élan juvénile. De douze spectacles programmés dans une seule salle, en 1999, à quatorze pièces distribuées dans dix théâtres à Paris et en Ile-de-France, la manifestation parisienne, pilotée par Christophe Martin, a fait grimper les enchères de la danse contemporaine. Elle a généré un réseau de partenaires aussi variés que la Gaîté Lyrique, la Conciergerie ou Le Tarmac. De quoi faire fantasmer sur une communauté de programmateurs se battant pour l’art chorégraphique. « On n’est plus dans la concurrence entre diffuseurs comme c’était le cas il y a encore une dizaine d’années », affirme Christophe Martin, qui annonce trente-huit lieux fédérés depuis vingt ans autour de Faits d’hiver.

Ce cercle gravite autour du studio Micadanses, situé dans le Marais. Samedi 13 janvier, pour la soirée d’ouverture de la vingtième édition, la foule débordait joyeusement des nouveaux gradins – 130 places – sur des coussins pour la performance Blitz-9000 pièces. Conçue par l’Australienne Joanne Leighton, qui a présenté un extrait de Songlines sur le thème de la marche, le programme distinguait trois chorégraphes toutes générations confondues. Pauline Simon a fait dialoguer deux téléphones portables en parlant de la « sérenpidité » au cœur de son nouveau spectacle Une histoire de la distance ; Arthur Perole a rejoué un extrait envoûtant de Stimmlos, sur le thème du romantisme noir; tandis que Dominique Brun a introduit une œuvre de 1931 sur l’extase de la pionnière américaine Doris Humphrey (1895-1958). Parallèlement, une mini-exposition de dessins, photos et objets documentait leurs recherches.

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Les bras grands ouverts

L’éclectisme des propositions entre concept, écriture et ancrage historique signe cette manifestation aux bras grands ouverts depuis ses débuts. « Nous défendons toutes les esthétiques, poursuit Christophe Martin. Paradoxalement, ce qui me frappe, c’est que cette diversité, qui reflète la danse contemporaine, l’empêche de s’unifier. Les chorégraphes, qui se battent chacun dans son coin pour leur reconnaissance, ne savent pas faire front ensemble en pesant de manière collective et revendicatrice sur le développement de leur art. »

Parmi les artistes qui ont marqué le festival, Marco Berrettini, Thomas Lebrun, Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, Annie Vigier et Franck Apertet, Carlotta Ikeda, Serge-Coulibaly, Aude Lachaise… A l’affiche de l’édition 2018 : Lionel Hoche, Camille Mutel, Eléonore Didier…Un panorama plutôt français que vient piquer un brin d’international.

« Effectivement, il y a une tendance française assumée à Faits d’Hiver dans un contexte où les chorégraphes d’autres pays sont largement soutenus à Paris, enchaîne Christophe Martin. Je n’appartiens pas à un réseau international. En revanche depuis 2015, je suis dans le Paris Réseau Danse qui regroupe quatre structures en défendant des choix communs ».

Esprit de groupe et ouverture ont une conséquence majeure : la dilatation du cercle des spectateurs d’abord piochés dans le milieu chorégraphique au grand public. Depuis quatre ans, le festival navigue entre 85 et 92 % de taux de remplissage. Une vitesse de croisière impeccable pour franchir le cap des vingt ans.

Faits d’Hiver. Paris. Jusqu’au 17 février. Tél. : 01 42 74 46 00. De 10 à 25 euros. www.faitsdhiver.com

A lire : Paris danses d’auteurs. Nouvelles éditions Scala. 25 euros. www.editions-scala.fr