Venus Williams a été éliminée dès le premier tour de l’Open d’Australie. / Vincent Thian / AP

Légère bruine sur Melbourne, puis soleil austral pour que puisse résonner le bruit des balles. C’est l’hiver en France et l’été aux antipodes (24 °C) pour la 106e édition de l’Open d’Australie, un des quatre tournois du Grand Chelem et le premier de la saison, qui s’est ouverte lundi 15 janvier. Sur Federation Square, cœur de la capitale du Victoria, a été déployé un portrait géant de l’inattendu vainqueur de l’année précédente, le Suisse Roger Federer, qui s’imposa à 35 ans et en cinq manches face à son vieux rival, l’Espagnol Rafael Nadal, pour leur première opposition en finale d’un grand chelem depuis 2011. Chez les femmes aussi, on ne peut pas dire que le logiciel ait été rafraîchi puisque Serena Williams fit plier sa sœur Venus, qu’elle n’avait pas affrontée depuis huit ans à ce stade de compétition. Le down under australien, avec ses décalages horaires surréalistes, favoriserait ainsi le retour vers le futur.

Federer, en quête d’un vingtième succès dans un des quatre rendez-vous majeurs — et un sixième à Melbourne —, a d’ores et déjà estimé que son grand âge (36 ans, donc) l’empêchait d’ambitionner le statut de favori. Ce propos d’apparence raisonnable et modeste est en fait un trait d’humour helvète qui a fait sourire sans tromper personne. Quand on est numéro 2 mondial et que l’on s’appelle Federer, on est évidemment favori. D’autant que son concurrent majorquin souffre du genou droit, handicap qui ne l’a pas empêché, lundi, de se débarrasser en trois sets cinglants du Dominicain Victor Estrella.

Venus Williams déjà sortie

Serena Williams, par contre, ne peut ambitionner de se succéder, puisqu’elle a déclaré forfait — en tant que jeune maman. De même (à cause de sa hanche) que l’Ecossais Andy Murray, membre avec Federer, Nadal et le Serbe Novak Djokovic de l’endurant « Big 4 » et éternel loser à Melbourne (cinq finales perdues).

« Djoko », lui, est bien là, après six mois d’absence des courts pour soigner son coude. Retombé pour cette raison à un indigne 14e rang mondial, celui qui fut le patron de 2011 à 2015 attire logiquement les foules pour son entraînement en compagnie de son nouvel entraîneur, un homme de renom en la personne d’Andre Agassi. Des journalistes guettaient le Serbe après la requête qu’il aurait faite lors du meeting annuel des joueurs afin que leurs primes soient augmentées, plaidant même pour la constitution d’une association des joueurs en marge de l’ATP (Association des joueurs de tennis professionnels). Le mutin n’a pas apporté de démenti, il s’est borné à refuser tout commentaire.

Ceux qui n’avaient d’yeux que pour lui et pour le « Kid de Las Vegas » auront manqué les premières surprises de la journée. Faute de Serena Williams, il y a sa sœur Venus. Ou plutôt, il y avait. La tête de série n° 5, 37 ans, a déjà repris l’avion pour la Floride après sa défaite à la Rod Laver Arena contre la Suissesse Belinda Bencic, 20 ans et 78e rang mondial, une joueuse dont elle n’avait aucun souvenir de leurs quatre précédentes rencontres. Bencic, de son côté, récente vainqueur à Perth de la Holman Cup (double mixte) au côté de Roger Federer, avait « beaucoup pensé » à ces défaites et décidé de ne plus s’encombrer du « respect » que lui inspirait Venus Williams.

Pouille déjà éliminé

Au même moment, la dauphine de la numéro 1 américaine, Coco Vandeweghe (9e rang mondial), subissait un sort identique à la Hisense Arena devant la Hongroise Timea Babos. Un lundi noir pour le tennis des Etats-Unis, dont le prélude avait été à la Margaret Court Arena la chute de Sloane Stephens, surprenante vainqueur de l’US Open en septembre 2017, face à la Chinoise Zhang Shuai. Côté hommes, même scénario catastrophique. Sur un court numéro 2 chaud-bouillant et pavoisé de soleils levants, le numéro 1 américain, Jack Sock, tête de série n° 8, a été sorti en fin d’après-midi (australien s’entend) et en quatre manches par Yuichi Sugita, 41e mondial. Plus tôt, le géant John Isner n’a pu se fier à son service canon contre l’Australien Matthew Ebden, un trentenaire qui a déjà remporté l’Open d’Australie en 2013, mais c’était en double mixte.

De quoi consoler les locaux de la défaite de Samantha Stosur, ancienne no 1 mondiale et surtout dernière Australienne à avoir remporté un tournoi du Grand chelem (lors de l’US Open 2011) après plus de deux décennies de disette nationale. Elle s’est inclinée devant la Portoricaine Monica Puig, devenue célèbre pour avoir apporté à son pays le premier titre olympique de son histoire lors des jeux de Rio 2016.

Heureusement pour les porteurs de drapeaux frappés de la Croix du Sud, la numéro 2 australienne Daria Gavrilova s’est facilement imposée, de même que le bad boy et mâle dominant Nick Kyrgios. Pour la journée de mardi, tous les regards seront tournés vers le choc de premier tour entre le Tchèque Tomas Berdych et la nouvelle sensation du tennis australien, Alex de Minaur, 18 ans, demi-finaliste au récent tournoi de Brisbane, puis finaliste à Sydney, après avoir battu le Français Benoît Paire. Pour les Bleus, les fortunes auront été diverses puisque Lucas Pouille a été éliminé en quatre manches par le Belge Ruben Bemelmans, alors que Gilles Simon et Jo-Wilfried Tsonga sont passés sans encombre. Ce dernier célébrant cette année les dix ans de son unique finale de Grand Chelem. C’était contre Novak Djokovic, ici même à Melbourne.