Des hydrocarbures en flammes à la surface de la mer de Chine après le naufrage du « Sanchi », le 15 janvier. / HANDOUT / REUTERS

Le Sanchi, un pétrolier iranien, est entré en collision en mer de Chine avec un cargo chinois le samedi 6 janvier, avant de sombrer huit jours plus tard avec à son bord 136 000 tonnes d’hydrocarbure léger. Les 32 membres d’équipage ont péri. Le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), installé à Brest, suit la situation. Cette associaiton, qui réunit des acteurs publics et privés, a pour mission de partager son expertise en particulier lors des marées noires. Christophe Rousseau, son directeur adjoint, donne un éclairage sur l’hydrocarbure transporté.

Quelle est la nature du « condensat » transporté par le Sanchi ?

Le condensat est un produit brut, entre huile et gaz, très proche de l’essence, extrêmement léger. Une grande quantité a déjà brûlé puisque l’incendie s’est déclaré il y a une semaine. Nous pensons que ce qui reste dans les citernes du navire, qui a coulé, va remonter et s’évaporer. Cela ne va pas durer éternellement. Des nappes sont observées à la surface de l’eau – dont une de près de 20 kilomètres de long et de 3,2 km de large – et nous ne savons pas s’il s’agit de condensat ou du fioul destiné aux machines du navire.

Y avait-il beaucoup de diesel dans ce pétrolier ? Peut-on s’attendre à une marée noire sur les côtes de Chine ?

Non, les Chinois ont d’abord parlé de 2 000 tonnes, puis de 1 000 tonnes, car le navire était près d’atteindre sa destination, ses cuves n’étaient plus pleines. Il va sans doute y avoir, comme lors des naufrages de l’Erika [dans le golfe de Gascogne en 1999] et du Prestige [au large de la Galice en 2002], des fuites erratiques de pétrole qui vont remonter et former des boulettes chargées en eau. Celles-ci pourraient dériver vers l’est et atteindre les côtes sud du Japon, la Chine ou Taïwan. Quoi qu’il en soit, on n’est pas du tout dans les mêmes proportions qu’avec l’Exxon Valdes, par exemple, qui transportait 180 000 tonnes de pétrole brut et en avait relâché 38 500 tonnes au large de l’Alaska [entraînant une marée noire majeure en 1989].

La pire conséquence de l’accident du Sanchi est sans doute la pollution atmosphérique due au condensat qui a brûlé pendant une semaine. Peut-être que l’équipage est mort à cause de ces vapeurs toxiques. Les marins ont dû en prendre une grande bouffée. Cependant, le panache de fumée résultant de la combustion est un peu moins toxique que le produit pur, et l’accident s’est produit à 300 kilomètres au large, je ne pense pas qu’un nuage toxique puisse atteindre les côtes.

Les conséquences d’accidents en mer avec du condensat à bord sont-elles bien connues ?

Nous ne pouvons formuler que des hypothèses. Cependant, au Cedre, nous avons déjà mener des tests de brûlage sur ce produit. Nous serions d’ailleurs très intéressés de recueillir des données sur ce cas réel, mais les autorités chinoises ne communiquent guère. Dans cette partie du monde, nous avons des accords avec les Japonais, les Taïwanais, les Coréens, mais pas les Chinois.

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