A gauche, l’image du témoin décrit comme « membre de l’équipe de Delphine Ernotte » par la vidéo diffusée par David Rachline. A droite, Christophe Boucher. / Twitter

Les révélations encombrantes s’enchaînent pour le Front national. Après la publication par Mediapart et Buzzfeed News, dimanche 14 janvier, d’un témoignage relatant l’« amateurisme total » du parti, Buzzfeed publie de nouveaux éléments rapportant comment le FN a monté de toutes pièces une fausse nouvelle.

Le 16 mars 2017, le directeur de campagne de Marine Le Pen publie sur Twitter une vidéo de deux minutes trente, un témoignage anonymisé d’un homme présenté comme membre de « l’équipe de Delphine Ernotte ». L’homme explique que Ernotte, qui a été nommée en avril 2015 par le CSA à la direction de France Télévisions, a été désignée « pour faire la campagne de François Hollande », ajoutant que celle-ci était en contact permanent avec l’Elysée. Il explique ensuite qu’après le retrait de Hollande « il a fallu soutenir coûte que coûte Macron, avec l’objectif clair de faire battre Marine Le Pen ».

Une fausse interview en réponse à « Envoyé spécial »

L’homme que l’on voit sur la vidéo n’est, pourtant, en aucune façon, membre de l’équipe de direction de France Télévisions, selon Buzzfeed News, qui a obtenu l’information de la part de deux sources internes au parti. L’homme qui apparaît sur la vidéo serait Christophe Boucher, prestataire du FN pour le Web et proche de Frédéric Châtillon, le conseiller de Marine Le Pen mis en examen dans l’affaire du financement illégal lors des campagnes présidentielles et législatives de 2012.

Boucher, ami de longue date de Marine Le Pen, travaille avec le Front national depuis plusieurs années avec sa propre entreprise, Stream on fire, domiciliée au 27, rue des Vignes, dans le 16e arrondissement de Paris, une adresse connue pour avoir été le QG secret de Marine Le Pen.

Selon l’une des sources de Buzzfeed News, l’opération aurait été montée par Damien Philippot (frère de Florian Philippot, directeur du pôle rédaction de la campagne) et Philippe Vardon (vice-président du groupe FN en Provence-Alpes-Côte d’Azur) en réponse à une enquête d’« Envoyé spécial », diffusée le soir même (le 16 mars 2017) et consacrée aux hommes de l’ombre du Front national.