Le premier ministre tchèque, Andrej Babis, assistait mardi 16 janvier à la session parlementaire durant laquelle les députés devaient voter ou non la confiance au gouvernement qu’il dirige. / DAVID W CERNY / REUTERS

C’est un premier échec pour le leader populiste tchèque. Le Parlement tchèque a refusé, mardi 16 janvier, de voter la confiance au gouvernement minoritaire dirigé par Andrej Babis. Sur 200 députés, 117 ont voté contre lui et cinq se sont abstenus.

Le richissime homme d’affaires de 63 ans, parfois qualifié de « Trump tchèque », a été nommé premier ministre début décembre, après la victoire de son parti, l’ANO (Akce nespokojenych obcanu, « action des citoyens mécontents » et « oui » en tchèque), mais il n’a pas réussi à former une coalition susceptible de s’appuyer sur une majorité au Parlement.

L’ANO avait remporté les législatives en octobre après une campagne axée sur la lutte contre la corruption, contre l’accueil de migrants et contre la zone euro. Avec 29,7 % des voix, le parti avait remporté 78 sièges à la chambre basse du Parlement, qui en compte 200.

Nouvelle chance

Les accusations de fraude aux subventions qui visent Babis ont pesé sur la mise en place de l’actuel cabinet, les autres partis refusant de coopérer. La police enquête sur le versement d’une subvention européenne de deux millions d’euros il y a une dizaine d’années. Babis, qui nie toute malversation, avait annoncé mardi, quelques heures avant le vote de confiance, avoir demandé aux députés de lever son immunité parlementaire.

Ce premier échec ne signe toutefois pas la fin d’ANO, le premier ministre ayant le droit de solliciter trois fois la confiance des députés, les deux premières étant soutenues par le président et la troisième par le chef de la chambre basse, poste occupé actuellement par M. Vondracek, membre d’ANO. Le gouvernement Babis va toutefois devoir démissionner. Il continuera de gérer les affaires courantes le temps que M. Babis réussisse à trouver un accord avec une ou plusieurs autres formations qui pourraient soutenir le prochain gouvernement dominé par l’ANO.

Le président Milos Zeman, qui nomme les premiers ministres, a promis à Andrej Babis qu’il lui donnerait une autre chance de former un gouvernement. « Au moment où il me dit qu’il dispose d’au moins 101 voix garanties, je le désignerai premier ministre pour la deuxième fois », a affirmé le chef de l’Etat la semaine dernière. Plusieurs partis ont laissé entendre qu’ils pourraient envisager une coalition avec l’ANO, à condition que Babis ne dirige pas le gouvernement ; condition que l’intéressé a rejetée jusqu’à présent.

Cependant, le risque de déboucher sur de nouvelles élections, dont l’ANO pourrait sortir renforcée, pourrait bien amener les formations politiques à se montrer plus conciliantes.