Pablo Picasso,  « Femme au béret et à la robe quadrillée » (Marie-Thérèse Walter), Decembre 1937 / Sotheby's

C’est sans doute l’une des œuvres les plus importantes des grandes ventes d’art moderne organisées en février à Londres. Sotheby’s propose le 28 de ce mois Femme au béret et à la robe quadrillée, un portrait de Marie-Thérèse Walther par Pablo Picasso, daté de 1937.

Cette jeune femme blonde et discrète devient l’amante et la muse de l’artiste andalou à partir de 1932, « année érotique », remarquablement mise en scène jusqu’au 11 février au musée national Picasso-Paris. Picasso la représente alors sous des traits doux et voluptueux. Cinq ans plus tard, Marie-Thérèse Walther est toujours sa compagne. Mais une autre femme plus intellectuelle et engagée, Dora Maar, est entrée dans sa vie depuis 1935.

Dans le tableau mis en vente par Sotheby’s, le traitement du visage ressemble davantage aux portraits torturés de Dora Maar. « C’est un visage hybride, peint sous le signe de la dualité, abonde Thomas Bompard, spécialiste chez Sotheby’s. Picasso est passé des femmes qui rêvent aux femmes qui pleurent, des égéries tout en courbes à celles acérées, taillées comme des diamants. »

Un tableau jamais mis sur le marché

Pour le courtier Thomas Seydoux, « le tableau concentre tout ce que les collectionneurs recherchent : la représentation d’un des modèles les plus célèbres de Picasso, une période parmi les plus recherchées, de la couleur, de la matière, de la spontanéité dans le traitement de la collerette et de l’épaisseur au niveau des joues. » Last but not least, le tableau, acheté directement à la succession de l’artiste, n’est jamais passé sur le marché.

L’estimation d’environ 50 millions de dollars se cale peu ou prou sur l’adjudication de 67 millions de dollars obtenue en 2015 par Christie’s pour Femme à la résille (1938) représentant Dora Maar. Elle est toutefois bien en deçà du prix du Rêve, un portrait de Marie-Thérèse daté de 1932, vendu pour 155 millions de dollars en 2013 par Steve Wynn, magnat des casinos de Las Vegas, au gestionnaire de fonds spéculatifs Steve Cohen, ou encore du prix des Femmes d’Alger (1955) qui avait dépassé les 100 millions de dollars en 2015.

Sans surprise, la Femme au béret sera d’abord exposée à Hongkong et Taipei avant d’être vendu à Londres. « Picasso est le premier nom sur la liste de souhaits des acheteurs asiatiques », explique Thomas Bompard. En 2015, le producteur chinois Wang Zhongjun avait ainsi acheté une Femme au chignon de 1948 pour 30 millions de dollars.