Contraints d’évoluer par des températures torrides, plusieurs joueurs et joueuses ont pointé les risques que la chaleur faisait peser sur la santé des participants. / TORU HANAI / REUTERS

Alors que les températures ont plusieurs fois dépassé les 40 °C à Melbourne, sur les courts où se joue l’Open d’Australie, plusieurs joueurs et joueuses ont élevé la voix, vendredi 19 janvier, pour réclamer un changement du règlement. Changement auquel les organisateurs sont réticents.

A Melbourne, la heat rule prévoit l’arrêt des matchs en cas de trop forte chaleur. Ce n’est pas le thermomètre seul qui est pris en compte, mais une combinaison complexe de la température, du taux d’humidité et de la vitesse du vent.

Apparemment, les conditions n’étaient pas réunies ni jeudi ni vendredi malgré une température qui a dépassé 40 °C, car les matchs se sont poursuivis comme si de rien n’était, au grand dam de certains joueurs. La dernière application de la règle date de 2014.

« J’ai l’impression qu’ils attendent un drame »

« On n’est pas des robots, on n’est pas des pions qu’on met sur le court », a protesté Alizé Cornet après sa défaite contre la Belge Elise Mertens. Victime d’un coup de chaleur, la Française a failli avoir un malaise sur le court.

« Personne n’a envie de vivre ce qu’on a vécu sur les courts ces deux derniers jours. On a envie que la règle change. Je comprends qu’ils [les organisateurs] aient envie de lancer les matchs quoi qu’il arrive. C’est du business. Faut que ça roule et faut que ça tourne », a-t-elle ajouté.

Alizé Cornet tente de se rafraîchir pendant son match face à Elise Mertens, le 19 janvier. / Andy Brownbill / AP

« J’ai l’impression qu’ils attendent qu’il y ait un drame pour changer [la règle], un drame qui peut survenir à n’importe quel moment dans ces conditions. Il faudrait peut-être une coalition de joueurs et qu’on dise qu’on boycotte, qu’on n’y va pas. Notre santé n’est pas prise en compte », a-t-elle dit.

Rafael Nadal s’est montré solidaire, même s’il a eu l’avantage de jouer le soir. « Parfois, c’est trop et ça peut devenir dangereux. Ce n’est pas joli de voir les joueurs souffrir comme ça sur le court », a-t-il dit.

La veille, Gaël Monfils avait estimé qu’on avait « pris des risques » en faisant jouer les matchs. Comme sa compatriote, il avait failli se sentir mal sur le court. « Pendant quarante minutes, je me suis éteint sur le court. C’était difficile de respirer. Je crois que c’était les conditions les plus difficiles dans lesquelles j’ai jamais joué », a-t-il ajouté. Le Français a d’ailleurs plusieurs fois réclamé du temps de récupération à l’arbitre, lui demandant d’abandonner la règle qui impose un temps maximum de 25 secondes entre les points.

Gaël Monfils tente de se rafraîchir pendant son match face à Novak Djokovitch, le 18 janvier. / Andy Brownbill / AP

Son vainqueur Novak Djokovic avait lui aussi estimé que les conditions étaient « limites ». « Certains jours, le superviseur du tournoi devrait reconnaître qu’il faut laisser aux joueurs quelques heures pour que [la température] baisse. Je sais qu’il y a la question des billets. Si les matchs n’ont pas lieu, les gens ne seront pas contents », a-t-il dit.

Andrea Petkovic, qui a été battue par Lauren Davis, jeudi 18 janvier, a aussi éprouvé beaucoup de difficultés pendant le match, faisant savoir qu’elle ne parvenait pas à retrouver ses esprits. « Je tentais juste de survivre », a-t-elle témoigné.

Les organisateurs se défendent

Mais les organisateurs ont défendu leur pratique. « Pour les joueurs, il y a des vestes de glace, de plus longues périodes de repos et, bien sûr, ils sont à l’ombre sur leur chaise. Ce sont des athlètes professionnels », a argumenté le directeur du tournoi Craig Tiley.

Quant à la possibilité de fermer les toits des trois courts qui en disposent, il a répondu : « Nous sommes quand même un événement en plein air et nous voulons le rester, tout en garantissant la santé et le bien-être des joueurs », a-t-il dit.

Marta Kostyuk tente de se rafraîchir pendant son match face à Olivia Rogowska, le 17 janvier. / EDGAR SU / REUTERS

D’ailleurs, il n’y a pas d’unanimité parmi ces derniers pour réclamer un changement de règles. Le plus illustre d’entre eux, Roger Federer, a estimé que, « pour être au sommet, il fallait jouer dans toutes les conditions ».

« On sait qu’il peut faire chaud en Australie. C’est un challenge, c’est dur de s’y préparer, mais on sait que ça peut arriver quand on vient ici », a dit le Suisse, qui a eu l’avantage de jouer le soir, à sa demande, durant la night session de jeudi. « J’ai vu que les autres souffraient, mais tant que rien de mauvais ne se produit, tout va bien », a-t-il estimé.

Le changement de direction du vent, qui va apporter de l’air frais de l’Antarctique, devrait éteindre la polémique dès samedi. Les températures avaient déjà commencé à baisser vendredi soir.