Frédéric Mion, le 11 janvier. / PATRICK KOVARIK / AFP

Le suspense est limité : après avoir auditionné les deux candidats en lice pour prendre la tête de Sciences Po Paris le 17 janvier, les membres de la commission chargée de préparer la proposition de nomination faite au conseil de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et au conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) ont choisi, à l’unanimité, de proposer le nom de Frédéric Mion, l’actuel directeur de l’établissement. Cette proposition a été transmise au conseil de l’Institut et au conseil d’administration de la FNSP, qui délibéreront respectivement les 13 et 14 février, à bulletin secret.

L’unique concurrente de Frédéric Mion à avoir été auditionnée, Isabelle Barth, ancienne directrice de l’Ecole de management Strasbourg, n’a pas convaincu cette commission créée en 2016, qui avait pourtant la possibilité de proposer plusieurs noms aux deux conseils décisionnaires. Aux yeux d’Isabelle Barth, « la finale s’est bien jouée en demi-finale, et les vrais représentants de l’institution n’auront qu’un seul choix : celui du renouvellement ».

« La commission a préféré ne pas prendre de risque et de ne pas challenger le candidat sortant, ce qui aurait pu être l’occasion de débats, de controverses, d’affermir les projets, de valider ou revalider les légitimités », commente également la candidate déchue, dans une tribune publiée sur LinkedIn. La professeure des universités en gestion, qui avait axé son programme stratégique pour l’école autour de trois priorités (la créativité, l’agilité et la responsabilité), souligne qu’elle ne cochait « aucune case » pour prendre la tête de Sciences Po Paris : « Je ne suis pas un homme, je ne suis pas énarque, je n’ai pas fait Sciences Po, je ne suis pas parisienne, je ne suis pas politique… Ç’aurait pu être une force, ça a été vu comme une faiblesse. »

Un nouveau campus en 2021

Et d’estimer que « prolonger un plan stratégique qui a déjà cinq ans — Frédéric Mion a en effet pris la direction de Sciences Po en 2013 — paraît « très éloigné de ce qui a été le moteur de la faculté libre” » de sciences politiques fondée en 1871 par Emile Boutmy.

Si Frédéric Mion n’a pas encore rendu publiques ses priorités dans le cadre d’un deuxième mandat, il en a néanmoins dessiné les contours le 11 janvier, lors de la présentation du futur campus de Sciences Po sur le site de l’hôtel de l’Artillerie (Paris, 7e), dont l’ouverture est prévue en septembre 2021. Il entend en faire un campus du futur, avec un lieu pour les start-up, une « newsroom » pour l’école de journalisme, des salles pour l’innovation pédagogique et des espaces modulables et décloisonnables. Il s’agit de s’adapter à la « mutation très profonde de notre métier : avec le numérique, une nouvelle université pourra s’inventer », a expliqué le directeur de Sciences Po.

Frédéric Mion avait également souligné la « durabilité » du projet, qui « ménage l’avenir en respectant le passé ». « Les usages de l’université du siècle prochain, on ne les connaît pas encore, mais il faut pouvoir les accompagner. »