Une station Velib’, à Alfortville, près de Paris, 12 janvier. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Dur, dur, la vie de chantier. Jeudi 18 janvier, les ouvriers de l’entreprise Colas, combinaison et casque orange fluo, coulent le béton dans lequel sera scellée la future station Vélib’ de la rue de Madrid, dans le 8e arrondissement de Paris. Mais il pleut à verse et l’eau s’engouffre à torrents dans le caniveau, puis dans la fosse où seront fichées les bornettes devant accueillir les vélos. Dans l’urgence, armés de seaux, les ouvriers se mettent à écoper la fosse qui se remplit à toute vitesse.

L’incident n’aura pas de répercussions sur le séchage du béton, assure Jorge Azevedo, directeur général du consortium Smovengo, nouveau concessionnaire du Vélib’, venu superviser l’opération. Mais il illustre les difficultés techniques auxquelles est confronté l’opérateur depuis le 1er janvier. Six cents stations Vélib’ devaient être installées à cette date en Ile-de-France, selon le contrat passé entre Smovengo et le Syndicat Vélib’Autolib’Métropole (SAVM), qui regroupe les élus des 68 communes franciliennes concernées. En pratique, on ne comptait que 110 stations le 18 janvier, soit à peine 30 de plus qu’une semaine plus tôt.

« Nous allons accélérer la cadence, installer 80 stations par semaine pour dépasser les 200 fin janvier et atteindre le millier fin mars », affirme M. Azevedo. Smovengo se livre à une véritable course contre la montre. Au-delà de 200 stations manquantes, la société doit verser, selon les termes du contrat passé avec le SAVM, une pénalité de 1 million d’euros par mois.

Pour l’heure, le SAVM n’a pas notifié de pénalités à l’opérateur. « Ce sujet est abordé dans nos discussions », lâche M. Azevedo, semblant indiquer que des négociations sont en cours, sans toutefois les confirmer. L’application des pénalités est « en cours de consolidation juridique », indique de son côté le SAVM, qui évoque « des échanges » avec son concessionnaire à ce sujet.

Mauvaise coopération

Chacun des quelque 1 400 chantiers prend environ trois semaines, « à condition de ne rencontrer aucun problème électrique », précise M. Azevedo. Une fois que JCDecaux, le précédent concessionnaire, a démonté ses équipements et nettoyé le site, des opérations de génie civil sont lancées, suivies par le coulage du béton, la pose de la borne et des bornettes d’attache, l’électrification et la pose des vélos.

Mais les entreprises de construction partenaires de Smovengo, Colas et Bouygues Energies Services, se heurtent à des difficultés de plusieurs ordres. Le sous-sol parisien est truffé de fils électriques, la qualité des réseaux n’est pas la même partout et le concessionnaire assure que rien ne permet de savoir, avant de creuser, comment se présentera le sous-sol.

La mauvaise coopération entre les deux concessionnaires successifs n’a pas aidé. Smovengo affirme avoir perdu six semaines en raison du recours intenté par son prédécesseur JCDecaux, un délai que ce dernier minimise à trois semaines. Les pouvoirs publics, qui souhaitaient installer des dizaines de milliers de Vélib’, dont un tiers avec une assistance électrique, en quelques jours à peine, se sont-ils montrés trop exigeants ? M. Azevedo regrette en tout cas qu’il ait été « impossible d’anticiper les problèmes pour un si grand nombre de stations ».