L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, lors de son procès à la Cour pénale internationale, à La Haye, en janvier 2016. / PETER DEJONG / AFP

Moïse Lida Kouassi, un ex-ministre de la défense de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a été reconnu « coupable de complot » contre le régime du président Alassane Ouattara et condamné à quinze ans de prison par la cour d’assises d’Abidjan. Dans une autre affaire, celle du braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Gbagbo et trois autres de ses anciens ministres ont été condamnés à vingt ans de prison et 329 milliards de francs CFA d’amende (environ 500 millions d’euros).

Au terme d’environ deux heures de délibération, jeudi 18 janvier, la cour d’assises d’Abidjan a « déclaré Gnatoa Katé Paulin, Zadi Gbaka Samuel, Lida Kouassi Moïse, Brou Serge Pacôme Durand alias Stone coupables d’avoir à Abidjan, courant année 2012, formé un complot ayant pour but de détruire ou de changer le régime constitutionnel suivi d’un acte, ou commencé pour en préparer l’exécution ». M. Lida Kouassi et ses trois co-accusés ont donc été déclarés « coupables de complot contre l’autorité de l’Etat » et condamnés à « quinze ans d’emprisonnement chacun ».

Me Félix Bobré, avocat de Moïse Lida Kouassi, a dénoncé ce verdict, promettant faire appel de la décision. « Il a été l’un des proches collaborateurs du président Laurent Gbagbo et je pense que ça l’a desservi, estime-t-il. Ce procès n’avait d’autre but que de solder le compte de Laurent Gbagbo, mais par Lida Kouassi interposé. »

Extradé du Togo

Selon la justice, « dans le courant du mois de février 2012, la Direction de la surveillance du territoire [DST] recevait une information faisant état de la préparation d’un projet de déstabilisation du régime actuel par des officiers de l’armée en exil au Ghana, constitués en une plate-forme militaire, avec l’implication de certains civils et hommes politiques proches de l’ex-président de la République ».

C’est à la suite de cette information que M. Lida Kouassi, parti au Togo à la fin de la crise post-électorale de 2010-2011 qui a abouti à la chute du président Gbagbo et fait plus de 3 000 morts, a été extradé en juin 2012 par Lomé à Abidjan au motif qu’il se livrait à « des activités subversives ».

M. Lida Kouassi, détenu depuis octobre 2014, comparaissait en même temps que trois militaires : le colonel Paulin Katé Gnatoa, le sergent Serge Pacôme Durand Brou et Samuel Zadi Gbaka, un élève officier de la marine. Tous les trois avaient été arrêtés à Abidjan le 8 mars 2012, jour « prévu » pour la « réalisation de leur projet ».

Repartis libres

Jeudi également, la justice ivoirienne a condamné l’ancien président Laurent Gbagbo et trois de ses anciens ministres, Gilbert Aké N’Gbo (ex-premier ministre), Désiré Dallo (économie et finances) et Justin Koné Katinan (budget), à vingt ans de prison ferme dans l’affaire du braquage de l’agence ivoirienne de la BCEAO et de plusieurs banques commerciales durant la crise post-électorale.

En l’absence de M. Gbagbo (actuellement jugé à la Cour pénale internationale) et de M. Koné Katinan (en exil), la cour n’a pas délivré de mandat de dépôt : MM. Aké N’Gbo et Dallo sont donc repartis libres. Les quatre accusés ont également été condamnés à payer solidairement une amende de 329 milliards francs CFA. Leurs avocats ont annoncé qu’ils feraient appel.