Quelque part entre San Juan de Marcona et Arequipa, le 10 janvier. Sébastien Loeb abandonne le Dakar, son copilote Daniel Elena blessé. / FRANCK FIFE / AP

Sébastien Loeb courait son troisième Dakar en favori. Ses espoirs se sont ensablés avec sa Peugeot 3008 DKR Maxi à dix étapes de l’arrivée, prévue samedi 20 janvier à Cordoba, en Argentine. Contraint à l’abandon sur blessure du copilote Daniel Elena, l’équipage rentrait dès le lendemain en France par l’avion des « éclopés ».

Sébastien Loeb, déçu sur le moment, sort paradoxalement rajeuni de cette expérience en rallye-raid. Les vents du désert d’Ica, au Pérou, ont comme balayé ses doutes. Pilote invétéré, il compte bien remporter le plus prometteur des championnats du monde récemment créés, celui de rallycross. Même si c’est en rallye pur qu’on l’attend… près de six ans après sa retraite officielle.

Etre plus près de sa femme et de sa fille, passer plus de temps dans leur maison située au-dessus du lac Léman : telles étaient les raisons qui l’ont poussé à lâcher le rallye en 2012, après avoir conquis neuf titres mondiaux d’affilée. Les préparatifs et les reconnaissances prenaient trop de temps et prenaient le pas sur le plaisir de conduire. La mort de sa mère, en septembre 2012, avait fini de le convaincre que le temps de la remise en question était venu.

Le Dakar des quinquas

« Quand j’ai arrêté, c’était pour être un peu plus tranquille. J’ai fait du championnat en circuit, où il y avait moins de courses », confirme Sébastien Loeb. Parallèlement, il crée sa propre écurie, Sébastien Loeb Racing. Mais là… « Je me suis retrouvé au bord de la piste à encadrer l’équipe et les pilotes. J’ai bien senti que ma place était dans la voiture. Quand je voyais les autres tourner, cela me démangeait. »

Encore faut-il trouver quelle voiture piloter. Ce sera un 4x4 au Dakar. « Le Dakar ? Il faut du temps et de la discipline. Oublions », écrivait-il pourtant en 2013 dans sa biographie, Ma ligne de conduite (Michel Lafon). Peugeot finit par le convaincre : il termine sixième pour sa première participation au rallye-raid historique en 2016 ; deuxième en 2017 à cinq minutes seulement du vainqueur, Stéphane Peterhansel ; avant l’abandon, le 10 janvier.

« Finalement, pour le Dakar, je suis encore trop jeune. Apparemment il n’y a que les plus de 50 ans qui y arrivent ! », s’amuse Sébastien Loeb. A 43 ans, il ne se sent pas trop vieux pour les autres compétitions. Il parie sur le rallycross, championnat mondial né en 2014, dont chaque épreuve se compose de plusieurs sessions rapides où s’alignent cinq pilotes, en tracé fermé, moitié terre moitié asphalte. Sur le papier, le rallycross apparaît comme la discipline automobile de demain : plus jeune, plus fun, plus écolo, puisque les voitures, de série, doivent passer à l’électrique en 2020.

Le Rallycross, plus fun

Neuvième étape du Championnat du monde 2017 de Rallycross (WRX) à Lohéac, en Bretagne, le 1er septembre. / FIA.COM

« La discipline colle bien à l’électrique, parce que l’on est dans une arène, les courses sont courtes, les voitures très puissantes. Le spectacle reste du même niveau », assure le pilote. Un engagement qu’il partage avec Peugeot, écurie avec laquelle il est lié jusqu’en 2020. Seul bémol : si le rallycross attire un vrai public de fans sur le bord des pistes, ce sport-spectacle reste peu médiatisé.

Sombrero et santiags

Les 345,60 km de l'édition 2018 du Rally du Mexique attendent les concurrents du 8 au 11 mars pour 22 spéciales. / RED BULL / PSA

Sébastien Loeb s’apprête également à revenir en championnat du monde de rallye avec Citroën, l’autre entité du groupe PSA, pour trois courses : au Mexique (en mars), au rallye de Corse (en avril) et en Espagne (en octobre). Sa motivation est simple : « Les sensations qu’on a en rallye, on ne les trouve pas dans d’autres disciplines. »

C’est peu de dire qu’il est attendu au tournant : « Je suis bien conscient qu’aucune personne ayant arrêté le rallye pendant cinq ans n’a réussi à revenir et à gagner. » Mais aucun pilote - à part lui - n’a été neuf fois champion du monde… « Non, mais si on remet tout dans l’ordre, je vais me retrouver avec une voiture que je ne connais pas, sur des spéciales que je n’ai pas faites depuis cinq ans, plus le fait que j’ai perdu le rythme : cela risque de ne pas être simple. Or vu mon statut, les gens s’attendent à me voir à la bagarre devant. »

Sébastien Loeb et son copilote Daniel Elena. / TWITTER

Un tel come-back, même partiel, se prépare, imagine-t-on. Et bien pas tant que cela : avant le rallye du Mexique, Sébastien Loeb va effectuer « une séance d’essais, et c’est tout ». Même s’il a, déjà à six reprises, coiffé le sombrero et chaussé les santiags offerts au vainqueur, cela paraît léger. « Faire des essais en rallye a un coût. Alors je prends la place d’un pilote lors d’une séance d’essais, puis voilà », dit-il.

Chez Citroën Racing, on n’écarte cependant pas l’hypothèse de proposer au pilote alsacien quelques séances d’essais supplémentaires.