Jusqu’ici, la peinture de Nazanin Pouyandeh surprenait par sa dextérité figurative, son inventivité onirique, l’étrangeté de ­scènes où postures et situations ne se laissaient pas interpréter. Elle montre cette fois deux grandes toiles dans lesquelles la part de l’histoire est plus clairement visible. Dans l’une, un groupe de femmes semble en persécuter une qui ne sait ­comment se défendre de ces furies. Elles sont très coquettement habillées, mais la scène se déroule dans un paysage de ruines urbaines qui évoque aussitôt les images d’Alep.

« La cité céleste » (2016) de Nazanin Pouyandeh. / GALERIE VINCENT SATOR

Dans l’autre, un groupe féminin, drapé de noir ou de bleu, armé de javelots, ­attaque une géante nue. La campagne brûle au loin et des ­corneilles passent en rafales. Ces visions entre cauchemar et ­allégorie sont accompagnées d’œuvres plus ­petites où l’on voit la représentation picturale des corps et ­des visages se faire et se défaire comme pour rappeler qu’il n’y a ­­là que fictions et faux-semblants, visions et leurres. D’autres ­encore, nées d’un séjour au Bénin et souvenirs de son enfance en Iran, sont d’une ­remarquable acuité dans ce qu’elles suggèrent des relations­ ­entre cultures africaine et iranienne d’autrefois et culture ­globalisée d’aujourd’hui. La peinture de ­Pouyandeh devient de plus en plus dense et profonde.

« Ruines et plaisirs », de Nazanin Pouyandeh. Galerie Vincent Sator, 8, passage des Gravilliers, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-04 84. Du mardi au samedi de 14 heures à19 heures. Jusqu’au 3 mars. www.galerie-sator.com et nazaninpouyandeh.free.fr