L’application expertise aussi bien la bouteille de vin millésimée que le tableau de maître, en passant par le sac vintage, la montre de collection et les objets connectés haut de gamme... / Monuma

Un expert joignable 24 heures sur 24 heures ? Tel est le pari de Monuma, qui souhaite révolutionner le monde de l’assurance des œuvres d’art et objets de luxe. Créée en février 2017 par Emmanuel Moyrand et Gilles Vivier, tous deux diplômés commissaire-priseur et experts auprès des assurances, la start-up Monuma entend dématérialiser l’expertise via une application mobile et la rendre accessible à tous.

Son domaine d’intervention couvre aussi bien la bouteille de vin millésimée que le tableau de maître, en passant par le sac vintage, la montre de collection et les objets connectés haut de gamme. Le principe est simple : mettre les détenteurs des biens à contribution.

Le propriétaire doit prendre cinq photos de chaque objet avec son téléphone portable

Guidés par l’application, le propriétaire doit prendre cinq photos de chaque objet avec son téléphone portable, selon des directives bien précises (intérieur d’une commode, poinçon, traces d’usure…), et les envoyer à l’expert via la « blockchain » (technologie de stockage et de transmission d’informations). En retour, le professionnel répond sous soixante-douze heures, contre un délai habituellement d’un mois et demi.

Coût de l’opération, 10 euros pour un constat d’état, 50 euros pour une expertise. Dans le cas d’un état des lieux d’un appartement, pour prouver qu’il existait des objets en cas de futur sinistre, il faut prévoir 20 euros par pièce. Pour éviter que l’addition ne grimpe trop vite, l’idée est de prévoir à terme des coûts dégressifs de 10 à 15 euros par objet pour un volume important. Une réactualisation tous les ans de l’expertise est aussi à l’étude.

Veiller à l’authenticité des clichés

L’application a déjà convaincu le groupe d’assurance Allianz. Mais aussi novatrice soit-elle, elle suscite certaines questions. Comment s’assurer que la personne qui prend les photos est bien détentrice des biens ? Comment veiller à ce que les clichés ne soient pas trafiqués par la suite ? « Les données sont sécurisées », assure Emmanuel Moyrand. « Les photos renferment un sceau numérique qui les rend non modifiables. »

La dématérialisation de l’expertise fait aussi tiquer certains professionnels. Peut-on vraiment voir les traces de sciage d’un meuble sur photo ? Déterminer qu’un bougeoir est en argent ou en métal argenté ? « Un expert digne de ce nom a beaucoup de difficulté à s’engager juridiquement sur une photo » , admet l’expert pour assurances Patrice Vergez-Honta. « L’objet ne doit pas seulement être examiné, mais manipulé pour vérifier son authenticité. Le ressenti devant l’objet n’est pas le même que sur photo. »

Emmanuel Moyrand n’ignore pas cet écueil, qu’il espère contourner en s’appuyant sur les innovations technologiques prévues dans les futurs smartphones, notamment un rendu 3D des objets. « On ne peut pas traiter 100 % des objets à distance » , concède-t-il néanmoins. « Pour des diamants de faible carat, ou des œuvres d’artistes très copiés, une expertise de visu s’impose. » Un déplacement qui a un coût, de l’ordre de 130 euros par heure d’expertise.