Alors que Donald Trump fête sa première année à la Maison Blanche, samedi 20 janvier, les universités américaines sont moins joyeuses : le nombre d’étudiants étrangers s’inscrivant pour la première fois dans un cursus aux Etats-Unis a accusé une baisse de 7 %, selon de premières estimations, après une baisse avérée de 3 % en 2016-2017. Même si le nombre total d’étudiants étrangers aux Etats-Unis continue d’augmenter, ce renversement de tendance inquiète les universités américaines, et pas seulement les petits établissements du Midwest.

« A mesure que vous perdez ces étudiants, les revenus assurés par les frais de scolarité sont affectés. Nous devons faire des choix budgétaires, nous adapter », reconnaît Michael Godard, de la Missouri central university dans le New York Times. Alors que les étudiants étrangers acquittent des droits d’inscription deux fois plus élevés que ceux payés par les étudiants originaires de l’Etat, son université a déjà ressenti un manque à gagner de 14 millions de dollars (11,45 millions d’euros).

Près de la moitié des campus concernés

Des cours d’informatique et le journal du campus ont d’ores et déjà fait les frais des restrictions budgétaires. A l’université d’Etat du Kansas, c’est le département des langues qui est le plus touché, avec la suppression pure et simple des cours d’italien. A Wright State, dans l’Ohio, outre l’italien, ni le russe ni le japonais ne sont plus enseignés. On a même sacrifié l’équipe de natation, alors que cinq de ses membres avaient récemment été qualifiés pour les championnats nationaux. Et ce n’est pas fini.

En 2015, Wright State comptait 4 100 étudiants internationaux, ils sont 3 500 cette année. A l’automne 2016, l’université du Missouri, à Warrensburg, en dénombrait 2 638, mais seulement 944 à la rentrée 2017. 45 % des universités sondées en novembre 2017 ont fait état d’une baisse des premières inscriptions d’étudiants étrangers, quand 33 % constataient une hausse.

Selon Raja Bandar, de l’Institute of International Education, cette baisse serait due à « plusieurs facteurs qui se combinent ». D’une part, la concurrence avec les universités canadiennes, australiennes ou britanniques est de plus en plus forte. D’autre part, des pays comme le Brésil ou l’Arabie saoudite ont récemment revu les conditions d’attribution des bourses à leurs étudiants désireux de poursuivre leurs études à l’étranger. Enfin, et surtout, la politique anti-immigration de l’administration Trump a des effets bien au-delà des six pays musulmans dont les ressortissants sont désormais interdits de séjour aux Etats-Unis.

Michael Godard constate : « L’Inde ne figure pas sur cette liste, mais de nombreux étudiants indiens de confession musulmane se sentent concernés par les restrictions en matière d’immigration. »

Les business schools américaines également touchées

La baisse d’attractivité de l’enseignement supérieur américain ne concerne pas que les universités. Nombre d’écoles de commerce ne sont pas mieux loties. « Les dernières données du Graduate Management Admission Council montrent que deux écoles de commerce américaines sur trois ont enregistré une baisse des inscriptions du côté des étudiants internationaux », signale le Financial Times.

Le prestige international des meilleures business schools américaines n’est pas menacé, prend soin de souligner le quotidien économique britannique. Quant aux autres, une perte de diversité se traduirait fatalement, à terme, par une baisse de la qualité des formations qu’elles proposent, avec notamment pour leurs élèves des possibilités restreintes en matière de constitution de réseau.

Les écoles de commerce canadiennes qui, pour le moment, accueillent en moyenne 60 % d’étudiants internationaux — nettement moins que les établissements équivalents en Europe —, pourraient être les grandes gagnantes d’un déclin durable des écoles américaines.

Jean-Luc Majouret (Courrier international)

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