Un « projet d’accord » issu de négociations a été soumis vendredi soir aux deux syndicats de surveillants de prison ayant participé aux négociations entamées mardi, l’UFAP-UNSA et à la CGT-Pénitentiaire, et à la ministre de la justice, qui s’est rendue en Corse après une agression au centre pénitentiaire de Borgo. Il prévoit notamment la création de 1 100 emplois sur quatre ans.

Le document, publié sur le site de l’UFAP-UNSA (syndicat majoritaire), prévoit aussi des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens et un régime de détention défini pour les « détenus terroristes et radicalisés », permettant une « étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux ». Le texte doit maintenant être examiné par les surveillants. Le troisième syndicat principal, FO, n’a pas participé aux négociations avec la chancellerie.

Des agressions qui ont crispé les négociations

Les surveillants de prison ont lancé leur mouvement national de blocage des prisons il y a quatre jours, après l’agression le 11 janvier de surveillants par un détenu djihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Depuis, d’autres agressions ont crispé les négociations avec l’administration pénitentiaire. Vendredi, deux gardiens de prison ont été blessés par un détenu signalé pour radicalisation, peut-être aidé par des complices, dans le centre pénitentiaire de Borgo en Haute-Corse où s’est rendue la garde des Sceaux.

Selon l’administration pénitentiaire, 80 établissements sur 188 ont été bloqués vendredi. Dans la matinée, des incidents avaient eu lieu à Fleury-Mérogis : les forces de l’ordre ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient l’accès à la plus grande prison d’Europe (plus de 4 300 détenus).

« Dépôts de clés » à Borgo

Le syndicat FO-Pénitentiaire a réagi en appelant « à durcir » les modalités d’action, avec un « dépôt de clés » dans tous les établissements. Selon l’administration pénitentiaire, ce « dépôt des clés » n’a été effectif qu’à Borgo vendredi, et c’est la gendarmerie qui a assuré l’ordre et la surveillance dans l’établissement. « Le dépôt de clés, c’est la mesure ultime », a commenté Yoan Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire : « Quand c’est comme ça, ce sont les forces de l’ordre qui prennent le relais. »

Les deux gardiens de Borgo, dont l’un a été plus gravement touché, ont été transférés vers l’hôpital de Bastia où la garde des sceaux, qui a condamné dans un communiqué une agression « grave » et « intolérable », est arrivée dans l’après-midi. Mme Belloubet s’est ensuite rendue à la prison de Borgo où elle s’est entretenue avec les organisations syndicales et le personnel avant d’être huée devant l’établissement par une centaine d’agents qui ont refusé de lui parler. Notant l’« émotion » et la « colère » des personnels, elle s’est engagée à « apporter des réponses » à tous les points soulevés, notamment en matière de sécurité et de gestion des détenus radicalisés.