C’est une opposition que les connaisseurs suivent depuis des années. Le plus célèbre des deux adversaires est issu de la lignée des A5, le fort bon milieu de gamme de Samsung. Quatrième représentant de la dynastie, le petit nouveau – en vente depuis vendredi 19 janvier – porte un nom qui tranche : A8.

Son adversaire est issu d’une autre dynastie, celle des Oneplus, une marque appréciée par les passionnés de technologie et vendue exclusivement sur Internet. Le 5T – commercialisé depuis deux mois – est le sixième représentant de sa lignée.

Si ces smartphones attirent les connaisseurs, c’est que leurs ancêtres ont réussi à offrir des fonctions proches des smartphones haut de gamme pour un tarif bien plus accessible – aux alentours de 430 euros. Polyvalence, esthétique, qualité photo : ils avaient tout pour eux.

Ces smartphones restent-ils un bon investissement ? Peut-on persister à les qualifier de « milieu de gamme » quand leur tarif s’est alourdi, passant cette année à 500 euros ?

Le Samsung A8 et le Oneplus 5T. / Nicolas Six pour Le Monde

Esthétique :

SAMSUNG

Ces deux smartphones se métamorphosent lorsqu’on les allume. Leur écran dévore littéralement leur façade. Le métal semble disparaître derrière l’image, particulièrement lumineuse et contrastée. Ces écrans « sans bord » sont la principale nouveauté de ces deux smartphones.

Le dessin du Samsung A8 est plus élancé que celui de son ancêtre, le A5. Pour un œil attentif, ses tranches particulièrement courbées le distinguent de la concurrence, rappelant le dessin du S8, le haut de gamme Samsung, aux lignes plus aériennes encore. Le Oneplus, de son côté, parvient à donner l’illusion visuelle d’une certaine légèreté malgré son gabarit imposant.

Confort :

SAMSUNG

Le Oneplus est un très grand mobile, bien moins confortable en main que le Samsung, qui n’est lui-même guère agréable à tenir dans une paume étroite. Le Oneplus se rattrape grâce à son confort visuel un peu meilleur. Son écran plus large (6 mm) rend les textes plus lisibles.

Face à leurs prédécesseurs, ces mobiles affichent des diagonales d’écran en progression d’un demi-pouce, un écart considérable. Mais leurs écrans n’ont presque pas changé de largeur. L’espace a principalement été gagné à la verticale. Cet étirement n’a d’intérêt que pour une petite partie des applications et rend ces smartphones plus difficiles à manipuler : difficile de promener son pouce en haut de l’écran, d’accéder aux notifications ou aux raccourcis rapides.

Sur le Oneplus, la manipulation à une main est même très difficile, à moins d’avoir des doigts de basketteur et un pouce souple comme celui d’un yogi. Le Samsung est nettement moins large. Lorsqu’on n’a pas le choix, il reste possible de manipuler le A8 à une main. Mais cela ralentit la navigation dans ses menus.

Déverrouillage :

ONEPLUS

Puisque l’écran occupe tout l’avant du mobile, le lecteur d’empreintes digitales est chassé à l’arrière. Pour déverrouiller ces mobiles, il faut les saisir en main, puis placer l’index à l’aveugle sur le lecteur d’empreintes. C’est gênant quand le mobile est posé sur une table et qu’on peut difficilement le saisir – en réunion par exemple.

Le Samsung et le Oneplus proposent une autre façon de déverrouiller le mobile, par reconnaissance faciale. Le système de Samsung est facile à tromper : il suffit de lui présenter une photo du propriétaire. Exactement comme son grand frère, le Galaxy S8 :

La reconnaissance faciale du Oneplus est beaucoup plus convaincante. Nous n’avons pas réussi à la tromper, ni avec une photo du visage du propriétaire, ni même avec une vidéo. Le système, qui repose simplement sur le capteur photo du mobile, et non sur un arsenal technologique poussé comme l’iPhone X, n’est pas impossible à déjouer, comme le souligne d’ailleurs Oneplus.

Sur le Oneplus, la reconnaissance faciale est particulièrement rapide. Lorsqu’on présente le visage à l’écran et qu’on presse la touche de réveil du smartphone, il se déverrouille en une demi-seconde. Le système refuse rarement de reconnaître son propriétaire. Chausser des lunettes ne l’empêche pas de fonctionner. Il marche dans le noir mais connaît parfois des ratés dans la pénombre.

Simplicité :

MATCH NUL

Le Oneplus et le Samsung sont assez simples à utiliser. Ça n’est pas une surprise pour Samsung, qui a beaucoup amélioré l’ergonomie de ses mobiles depuis quatre ans. Mais c’est une surprise pour le Oneplus. Si l’on fusionnait les qualités de ces deux mobiles, on obtiendrait un smartphone à la simplicité exceptionnelle.

Le Oneplus offre une page d’accueil très épurée affichant des icônes particulièrement claires et envoie peu de notifications. Le 5T embarque peu d’applications. Une seule fait doublon avec une application similaire, contre cinq chez Samsung.

La page d’accueil du Samsung (à gauche) est moins limpide. / Nicolas Six pour Le Monde

Mais le Samsung A8 se rattrape grâce à la clarté remarquable de ses applications maison. Son lecteur MP3, notamment, est beaucoup plus limpide que celui du Oneplus. Ses réglages sont mieux hiérarchisés, son clavier guide mieux les doigts, et lorsqu’on le connecte à un PC, on accède plus facilement à sa mémoire.

Personnalisation :

SAMSUNG

Le Oneplus embarque une version d’Android quasiment brute. Quelques petits raffinements y sont ajoutés, comme un bouton latéral à trois positions : silencieux/ne pas déranger/sonnerie. Une originalité que le Samsung ne propose pas.

Le A8 propose deux fois plus de fonctionnalités avancées. Certaines sont destinées aux débutants, comme les thèmes, qui permettent de changer radicalement l’allure des menus. D’autres se destinent aux passionnés de technologie, comme l’assistant de maintenance, le mode « manipulation à une main », ou le verrouillage automatique, quand les yeux cessent de regarder l’écran.

Autonomie :

SAMSUNG

La batterie du A5 de 2017 était exceptionnelle : elle tenait deux jours en usage modéré. Son successeur, le A8, s’avère moins endurant, mais son autonomie est tout de même excellente. Pour vider sa batterie avant la fin de la journée, Il faut le solliciter beaucoup. Le OnePlus offre quelques heures d’autonomie en moins, mais reste dans la bonne moyenne.

Photo :

MATCH NUL

Il faut être amoureux de la photo pour remarquer la différence avec la génération précédente. Le Oneplus et le Samsung ont chacun travaillé sur l’un de leurs plus gros défauts.

Le Samsung A5 avait une fâcheuse tendance à brûler les parties les plus claires des images : le A8 s’y fait moins souvent prendre. Le Oneplus 3T avait tendance à faire des erreurs de colorimétrie, le 5T en fait nettement moins. Mais il continue de photographier des clichés un peu trop sombres, particulièrement la nuit.

Le Oneplus et le Samsung sont deux fort bons appareils photo impossibles à départager. A moins d’être passionné de photo, dans la plupart des cas, leurs images sont comparables à celles des meilleurs mobiles à 800 euros. C’est seulement la nuit qu’ils montrent leurs limites.

Durabilité :

ONEPLUS

Les composants électroniques du Oneplus sont nettement plus rapides que ceux du Samsung. Au quotidien, la différence est difficile à percevoir. Mais dans deux ans, les menus du Samsung commenceront probablement à montrer quelques signes de ralentissement. Certains jeux 3D refuseront de tourner en pleine résolution. Le Oneplus ne devrait pas connaître ces soucis.

La batterie de ces mobiles n’est, hélas, pas amovible. Avec son dos en aluminium, le Oneplus paraît plus robuste que le Samsung, tout de verre vêtu. En revanche, le Samsung est étanche alors que le Oneplus ne l’est pas. Et sa mémoire est extensible par carte mémoire tandis que celle du Oneplus est figée.

Tarif :

MATCH NUL

A 500 euros, tarif en hausse, le rapport qualité prix du Oneplus et du Samsung n’est plus aussi attirant que par le passé. Les mobiles à 200 euros ont beaucoup progressé entre-temps. On peut penser au Huawei P8 lite 2017 :

Le Samsung A8 et le Oneplus 5T / Nicolas Six pour Le Monde

Par rapport aux Oneplus et Samsung, son écran est moins spectaculaire, ses composants électroniques moins durables et sa batterie un peu moins durable, mais l’écart n’est pas spectaculaire, à moins d’être passionné de photo ou de jeux vidéo. Dans 90 % des cas, le Huawei P8 lite 2017 rend un service équivalent pour un prix 60 % inférieur.

En conclusion

Le Oneplus et le Samsung progressent légèrement en qualité photo, leur esthétique est beaucoup plus attirante, dominée par leur spectaculaire écran sans bord. Samsung a eu la bonne idée d’affiner la ligne du A8.

Passée la première impression, au quotidien, ces mobiles se montrent à peine plus utiles que les modèles qu’ils remplacent. Leur confort en main, lui, régresse, précisément à cause de leur écran spectaculaire. Face aux mobiles à 200 €, l’écart se réduit.

Faut-il choisir le Oneplus ou le Samsung ? Sur le papier, ils font quasiment match nul. Mais leur personnalité est assez différente.

Optez pour le Samsung si :

  • Vous aimez les beaux objets ;
  • Vous n’avez pas une main de basketteur ;
  • Vos journées sont longues et mouvementées.

Optez pour le Oneplus si :

  • Vous jouez beaucoup et vous regardez des vidéos ;
  • Vous tenez à ce que votre mobile réagisse à toute vitesse ;
  • Vous avez peur de casser votre smartphone.