« Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré » et « si manquement il y a, des sanctions seront prises », a affirmé le président de la République lors d’un discours devant les forces de l’ordre, en annonçant qu’une circulaire serait prochainement adressée aux préfets. / Jean-Claude Coutausse / french-politics pour "Le Monde"

Agacé par les critiques d’intellectuels et d’associations, Emmanuel Macron avait défendu mardi le 16 janvier, à Calais, sa politique migratoire qui veut conjuguer le « devoir d’humanité » et l’« ordre républicain ». « Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré » et « si manquement il y a, des sanctions seront prises », a affirmé le président de la République devant les forces de l’ordre, en annonçant qu’une circulaire serait prochainement adressée aux préfets.

Le président était allé au contact de tous les acteurs – réfugiés, élus, associations – de cette « crise migratoire » dont Calais est la ville symbole depuis 20 ans. Revendiquant « un discours de vérité », Emmanuel Macron a averti les migrants que « rester à Calais » dans l’espoir de traverser la Manche constituait « une impasse » car « chacun doit le savoir, tout est fait pour que le passage illégal vers le Royaume-Uni ne soit pas possible ».

Un « protocole de la bavure », à Calais

Dans une tribune publiée sur le site de Libération, dimanche 21 janvier, l’écrivain Yann Moix s’en prend vigoureusement aux propos du président de la République, qu’il accuse d’avoir instauré un « protocole de la bavure », à Calais.

« Je ne suis pas, comme vous dites, un « commentateur du verbe » : je suis un témoin de vos actes. Quant à votre verbe, il est creux, comme votre parole est fausse et votre discours, double. J’affirme, monsieur le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé », lance l’écrivain qui joint à son texte une vidéo montrant les « violences policières face aux migrants, à Calais ». « Vous menacez de saisir la justice si les « faits dénoncés » ne sont pas « avérés ». Voici donc, monsieur (…), les images des conséquences obscènes de votre politique ».

Yann Moix poursuit : « Quand un policier, individuellement, dépasse les bornes, on appelle cela une bavure. Quand des brigades entières, groupées, dépassent les bornes, on appelle cela un protocole. Vous avez instauré à Calais, monsieur le Président, un protocole de la bavure ».

L’écrivain rappelle que le Défenseur des droits a dénoncé des « atteintes aux droits fondamentaux » des migrants à Calais « d’une exceptionnelle et inédite gravité », des « conditions de vie inhumaines » et une « sorte de traque ». Ce à quoi, Emmanuel Macron avait répliqué, s’émouvant des « approximations » sur l’action des quelque 1 130 policiers et gendarmes déployés à Calais, « parfois les mensonges, souvent les manipulations, qui ne visent qu’au final un seul but : mettre à mal la politique mise en œuvre par le gouvernement. »