Le siège du Fonds monétaire international à Washingon, le 14 octobre 2017. Dans ses prévisions publiées lundi, l’institution estime que le PIB planétaire progressera de 3,9 % en 2018 et 2019. / Yuri Gripas / REUTERS

L’économie mondiale est lancée sur de bons rails et sa croissance devrait encore accélérer. Dans ses dernières prévisions, publiées lundi 22 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) estime que le produit intérieur brut (PIB) planétaire devrait progresser de 3,9 % en 2018 et 2019, après 3,7 % en 2017. Ces chiffres ont tous été révisés à la hausse depuis les perspectives publiées à l’automne par l’institution de Washington (+ 0,2 point de pourcentage pour cette année et l’an prochain, et + 0,1 point pour 2017).

  • Une reprise qui se raffermit

Ces derniers mois, la croissance a accéléré dans quelque 120 pays, constituant les trois quarts du PIB mondial. Il s’agit de la reprise la plus large et synchronisée depuis 2010, note le FMI, qui souligne des performances bien meilleures qu’attendu en Asie et en Europe.

Cet élan devrait se renforcer en 2018 et 2019, sur fond de conditions financières favorables et de reprise de l’investissement. La zone euro devrait progresser plus vite que prévu à 2,2 % en 2018 et 2 % en 2019 (1,9 % en France les deux années). La croissance sera particulièrement dynamique aux Etats-Unis, à 2,7 % cette année et 2,5 % la suivante. Ces derniers pronostics ont été largement revus à la hausse dans la foulée de la réforme fiscale américaine (respectivement + 0,4 et + 0,6 point de pourcentage). L’accélération de l’activité sur le territoire américain aura des répercussions positives pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis.

  • Réforme fiscale américaine : des effets à double tranchant

A court terme, le FMI prévoit que la réforme fiscale américaine, votée avant Noël, stimule l’activité. D’ici à 2020, ce programme de baisses d’impôts – qui ne devrait pas être compensé par des coupes dans les dépenses – devrait faire gonfler le PIB américain de 1,2 %. Mais le Fonds met en exergue un « produit dérivé » de cette réforme : l’accélération de la demande interne qui en résultera devrait accroître les importations et, de ce fait, creuser le déficit de la balance commerciale américaine. Un effet ambivalent alors que le président américain Donald Trump n’a cessé de fustiger les excédents commerciaux qu’entretiennent certains de leurs partenaires vis-à-vis des Etats-Unis (Chine, Mexique, Allemagne)…

Le déficit budgétaire va aussi s’aggraver et nécessiter, à l’avenir, des ajustements. Cumulé à la nature temporaire des dispositions fiscales, l’effet de la réforme sur la croissance devrait être négatif à compter de 2022.

  • Des risques qui persistent

Des risques continuent à peser sur la croissance à moyen terme. Le FMI cite, notamment, la menace d’une correction sur les marchés, si l’inflation et les taux d’intérêt aux Etats-Unis remontent plus vite que prévu. Un retour de bâton qui exposerait particulièrement les économies les plus endettées. A l’inverse, des conditions financières demeurant très favorables encourageraient la prise de risques, au nom de la recherche de rendement. Le Fonds met ainsi en garde contre « l’accumulation de vulnérabilités au sein du système financier ».

Au moment où les Etats-Unis, le Mexique et le Canada renégocient leur accord de libre-échange, l’Alena, et où l’Union européenne discute du Brexit, le FMI met aussi en garde contre le risque de nouvelles barrières commerciales.

  • Une fenêtre de tir pour les réformes

La reprise de la croissance « offre une opportunité idéale pour [mener] des réformes », insiste le FMI. Les pistes de travail sont nombreuses. Les dirigeants sont exhortés à engager des réformes structurelles pour accroître la croissance potentielle et la rendre plus inclusive. Le FMI appelle aussi à renforcer la résilience du système financier et à œuvrer en faveur de la coopération multilatérale, « vitale pour sécuriser la reprise mondiale ».