Après un nouveau report, dimanche 21 janvier, le Sénat américain doit voter lundi sur un éventuel accord budgétaire, au troisième jour de « shutdown », la fermeture partielle de l’administration fédérale, aux Etats-Unis.

Cette paralysie budgétaire devait se traduire par la mise au chômage technique de centaines de milliers d’employés fédéraux jugés « non essentiels ». Les secteurs jugés « essentiels » au fonctionnement du pays ne sont pas touchés : contrôleurs aériens, gardiens de prison, scientifiques des stations spatiales internationales, armée, etc.

Alors que le shutdown signifie généralement la fermeture des monuments nationaux et des parcs naturels, l’Etat de New York va payer de sa poche pour que la statue de la Liberté — fermée aux touristes depuis samedi — rouvre lundi. L’administration Trump souhaite que les parcs nationaux restent ouverts pour limiter la colère des citoyens. Le célèbre Smithsonian, à Washington, fermé lors du précédent shutdown, sera par exemple ouvert lundi.

Dans certains secteurs — comme l’agriculture, le commerce, l’énergie et l’environnement —, la grande majorité des employés fédéraux sera renvoyée chez elle. Ces derniers sont tenus de n’effectuer aucun travail pendant leur congé forcé, sous peine de lourdes sanctions. Il n’est pas garanti non plus qu’ils toucheront un salaire, même si cela a été le cas chaque fois par le passé.

Autre effet collatéral possible de cette paralysie budgétaire, la Maison Blanche a reconnu que l’incertitude pesait désormais sur la participation de Donald Trump au Forum économique de Davos (Suisse), en milieu de semaine prochaine.

Désaccord sur l’immigration

Il s’agit de la première paralysie du gouvernement fédéral américain depuis celle qui avait duré seize jours en octobre 2013, sous la présidence de Barack Obama. Il s’agissait du premier shutdown depuis 1995 et 1996, sous la présidence de Bill Clinton.

Dimanche, le Congrès est resté paralysé en raison d'un désaccord sur la question sensible de l’immigration. Les démocrates insistent en effet pour que tout texte prolongeant le financement des dépenses à court terme de l’administration fédérale inclue une protection pour les jeunes migrants clandestins qui bénéficient pour quelques semaines encore d’un programme mis en place en 2012 par Barack Obama.

En vertu du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), près de 700 000 jeunes clandestins, les « dreamers », entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents, sont protégés de toute expulsion des Etats-Unis et autorisés à travailler légalement. Donald Trump a annoncé en septembre dernier la suppression de ce programme à compter du 5 mars.

Un compromis évoqué par les républicains consisterait à voter un budget temporaire jusqu’au 8 février en s’engageant à aborder la question de l’immigration dans les plus brefs délais.

Trump menace les règles du Sénat

La Maison Blanche dénonce de son côté l’attitude de certains élus démocrates tentés d’après elle de prolonger le blocage jusqu’au discours sur l’état de l’Union de Donald Trump, prévu le 30 janvier. Le président américain a évoqué dans un tweet, dimanche, un hypothétique changement des règles du vote au Sénat. Le règlement intérieur du Sénat, qui est composé de cent élus, prévoit que pour chaque motion, comme la programmation d’un vote, tout sénateur a le droit d’objecter. Cette objection ne peut être surmontée que par un vote des trois cinquièmes du Sénat. En pratique, donc, il faut soixante sénateurs sur cent pour faire quoi que ce soit.

Prendre la décision unilatérale d’abaisser la barre de soixante à cinquante et une voix transformerait en profondeur le fonctionnement du Congrès, et une majorité de sénateurs est hostile à une telle initiative. Cette hypothèse est connue à Washington sous le nom d’« option nucléaire » tant elle marquerait une rupture radicale dans le fonctionnement de cette institution censée contrebalancer les excès partisans de la tumultueuse Chambre des représentants.