Le gouvernement espagnol est bien décidé à ne pas laisser Carles Puigdemont redevenir président de la région de Catalogne. Le ministre de l’intérieur, Juan Ignacio Zoido, a assuré mardi 23 janvier que les forces de l’ordre étaient sur le qui-vive « partout » dans le pays pour empêcher que l’indépendantiste rentre incognito, « en hélicoptère, ULM ou bateau », voire « dans le coffre d’une voiture », a-t-il précisé.

Exilé en Belgique depuis la fin d’octobre, Carles Puigdemont a été proposé lundi comme candidat à la présidence de la région, mais il risque d’être arrêté et placé en détention provisoire pour « rébellion », « sédition » et « malversation de fonds » s’il rentre en Espagne.

Interrogé sur la possibilité qu’il passe la frontière incognito pour se faire investir président par le Parlement catalan, le ministre de l’intérieur a répondu à la télévision publique espagnole TVE : « Nous travaillons pour que cela ne puisse pas se produire, aux frontières et à l’intérieur des frontières, partout. » Avec des experts de la garde civile et de la police nationale, « nous allons travailler intensément – matin, midi et soir » pour qu’il ne puisse entrer en secret, a-t-il insisté.

L’investiture à distance en débat

Carles Puigdemont a récemment répété qu’il entendait être investi à distance, depuis Bruxelles. Il n’est en effet pas recherché par la justice espagnole en Belgique, notamment pour éviter des divergences d’interprétation entre magistrats belges et espagnols sur la gravité des délits qui lui sont reprochés, dont la rébellion. Madrid s’oppose fermement à ce que M. Puigdemont soit élu en étant absent de Barcelone.

Le débat d’investiture au Parlement catalan doit avoir lieu le 31 janvier, mais ses modalités font toujours l’objet de négociations. Les services juridiques du Parlement sont également opposés à une investiture, mais le président indépendantiste, Roger Torrent, assure que « la décision finale revient au bureau du Parlement et elle est politique ». Il a demandé à s’entretenir avec le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, pour trouver une solution avant le 31 janvier.

Le ministre de l’intérieur, interrogé mardi sur le cas de M. Puigdemont, s’est montré plus ferme : « Qu’il se rende. Sinon, qu’un autre soit candidat à la présidence » du gouvernement catalan.

Les indépendantistes ont remporté la majorité des sièges au Parlement à l’issue des élections régionales anticipées du 21 décembre, convoquées après la dissolution du Parlement par Madrid et la mise sous tutelle de la région, en réponse à une proclamation unilatérale d’indépendance de la Catalogne. Voulues par le gouvernement de Mariano Rajoy, elles ont vu le Parti populaire du premier ministre s’effondrer, et le parti libéral unioniste Ciudadanos arriver en tête.

Carles Puigdemont, 30 ans de combat pour l'indépendance catalane
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