MM. Simeoni et Talamoni à la sortie de Matignon, lundi 22 janvier. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Les dirigeants nationalistes corses sont sortis déçus de leurs réunions avec le premier ministre, Edouard Philippe, puis avec le président du Sénat, Gérard Larcher. « Après nos entretiens avec le premier ministre et le président du Sénat, notre conviction est faite : l’Etat refuse de reconnaître et de prendre en compte la dimension politique de la question corse », ont réagi Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée corse, et Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse, sur leurs comptes Twitter. Ils appellent ainsi à tenir « une grande manifestation populaire dans les prochains jours ».

L’appel à la manifestation – dont la date n’a pas été précisée – survient à deux semaines de la visite du chef de l’Etat sur l’île, prévue le 6 février à l’occasion de la commémoration des vingt ans de l’assassinat du préfet Claude Erignac.

MM. Talamoni et Simeoni ont été reçus, lundi, à Matignon par Edouard Philippe. A leur sortie de la réunion, les deux hommes avaient estimé que le gouvernement restait ouvert sur la question constitutionnelle, tout en déplorant ne pas avoir eu de réponse précise à leurs revendications. Ils ont dit attendre la visite de M. Macron en Corse, le 6 février, espérant que celle-ci ait un volet « politique » et donne « le la » de l’exécutif sur le dossier corse.

Fin décembre, Emmanuel Macron s’est dit ouvert à d’« éventuelles évolutions », tout en précisant que celles-ci ne pourraient se faire que dans le respect de la Constitution.

Les nationalistes demandent notamment l’instauration d’un statut de résident pour l’accès à la propriété, d’un statut fiscal dérogatoire, la reconnaissance du peuple corse et l’officialisation de sa langue, ainsi que le rapprochement puis l’amnistie des prisonniers dits politiques.

M. Larcher s’oppose au statut de résident

De son côté, M. Larcher (LR), qui les a reçus mardi, a assuré aux deux responsables corses que la Haute Assemblée « suivra avec attention » leurs travaux après la création d’une collectivité territoriale unique. Toutefois, a-t-il ajouté dans son communiqué, « si la spécificité insulaire de la Corse et son identité doivent être prises en considération, la République est une et indivisible. Le Sénat sera à la fois garant de l’unité nationale et initiateur de libertés nouvelles accordées à nos territoires. »

M. Larcher s’est également prononcé en faveur d’une évaluation de la loi de 2002 relative à la Corse qui permettait à la collectivité territoriale de Corse de faire des propositions d’adaptation des lois et règlements. « Ce mécanisme n’a pas fonctionné », a-t-il jugé.

Le Sénat, a-t-il dit, « est en faveur des démarches d’expérimentation, d’adaptation et de différenciation qui partent des réalités du terrain », et il examinera « avec attention, pour les collectivités à statut particulier comme la collectivité de Corse, la Ville de Paris ou la métropole de Lyon, les propositions tendant à modifier l’article 72 de la Constitution pour permettre un exercice différencié des compétences qui leur sont dévolues ».

En revanche, M. Larcher a réaffirmé son opposition au statut de résident et à la co-officialité de la langue corse.