Aucun avion d’Air Algérie n’a décollé lundi 22 janvier d’Alger et de nombreux autres vols de la compagnie nationale ont été annulés, en raison d’une grève surprise des stewards et hôtesses, qui ont mis fin à leur mouvement dans la soirée. « Le personnel navigant commercial (PNC) a décidé de mettre fin à sa grève et de reprendre le travail à partir de 20 h 30 », a déclaré à l’agence de presse algérienne APS le PDG d’Air Algérie, Bekhouche Allache. « Le personnel a rejoint les postes de travail et les choses reviennent progressivement à la normale », a-t-il ajouté.

Ce mouvement de grève avait été déclenché « sans préavis » par le personnel navigant tôt le matin dès 4 heures  » , selon Air Algérie dans un communiqué, qui a précisé que « les vols au départ d’Alger n’ont pas pu décoller ».

Grève illégale

La justice, saisie en référé par Air Algérie, « vient de décider que la grève est illégale », a annoncé en fin d’après-midi Mohamed Charef, conseiller du PDG d’Air Algérie, ajoutant : « Les stewards doivent reprendre le travail ». Le secrétaire général du Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA), Karim Ourad, a affirmé que les grévistes allaient poursuivre leur mouvement « illimité ». « Nous n’allons pas céder », a-t-il assuré.

M. Charef a indiqué à la chaîne privée Dzaïr News TV que 20 vols internationaux au départ d’Alger avaient été annulés lundi et qu’aucun vol international n’avait décollé de Constantine, troisième ville du pays, à 400 km à l’est de la capitale. Seuls deux appareils affrétés par Air Algérie devaient finalement décoller en fin de journée d’Alger, vers la France.

L’annonce de ces départs a provoqué la colère de nombreux passagers et le ton est parfois monté avec les membres du personnel d’Air Algérie à l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger.

A Oran, deuxième ville du pays, à 400 km à l’ouest d’Alger, tous les vols internationaux ont pu décoller, selon la radio nationale. Un responsable de l’aéroport d’Alger a indiqué que l’ensemble des vols intérieurs de et vers la capitale algérienne avaient été annulés, après l’atterrissage de quelques vols dans la matinée. Environ 70 vols – internationaux et intérieurs – devaient partir lundi d’Alger.

« On n’a aucune information »

A l’aéroport d’Alger, les membres du personnel d’Air Algérie disaient s’attendre à la poursuite de la grève et à de nouvelles perturbations mardi.

Les grévistes réclament le rétablissement d’un « échéancier » d’augmentation des salaires, conclu en janvier 2017 par la précédente direction et gelé par l’actuel patron, Bakhouche Allache, à la tête d’Air Algérie depuis février 2017, a précisé le secrétaire général du SNPNCA. « Nous avons des difficultés financières qui ne nous permettent pas d’augmenter les salaires pour le moment », a expliqué le conseiller du PDG à Dzaïr News TV.

Assis sur leurs valises ou dans des escaliers, des centaines de passagers ont passé une partie de la journée dans le hall de l’aéroport. Mohamed Adjoudj, 55 ans, aurait dû s’envoler pour Lisbonne à 8 heures. « Ce n’est que vers 14 heures qu’on a été informés de l’annulation du vol », a-t-il raconté. « La pagaille a été aggravée par l’absence totale des responsables d’Air Algérie qui ont laissé les passagers livrés à eux-mêmes ».

Devant les comptoirs d’Air Algérie, de nombreux passagers faisaient la queue pour obtenir des « attestations de retard » leur permettant de se faire rembourser leurs billets. D’autres essayaient de faire modifier les leurs.

Les vols des autres compagnies n’ont pas été perturbés et leurs guichets étaient pris d’assaut par des voyageurs voulant acheter de nouveaux billets. Le photographe et la vidéaste de l’AFP ont été empêchés de travailler dans l’aéroport par sa direction.