Jeff Sessions, lors de sa confirmation au poste d’« attorney general », devant le comité judiciaire du Sénat des Etats-Unis, le 10 janvier 2017. / CHIP SOMODEVILLA / AFP

L’attorney general américain (équivalent du ministre de la justice) Jeff Sessions a été entendu la semaine dernière par l’équipe du procureur spécial Robert Mueller dans le cadre de l’enquête sur une possible ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis, rapporte le New York Times, mardi 23 janvier.

Un porte-parole du ministère de la justice a confirmé l’audition, mais a refusé de préciser la teneur des échanges entre M. Sessions et le bureau d’enquête dirigé par M. Mueller. C’est la première fois que l’audition d’un membre de l’administration Trump par les services de Robert Mueller est officialisée.

Jeff Sessions a renoncé à enquêter lui-même sur les soupçons de collusion de l’équipe de campagne de Donald Trump avec des personnalités russes après qu’il a été révélé par la presse qu’il avait lui-même rencontré à plusieurs reprises l’ambassadeur russe au cours de l’année 2016.

Un proche de Trump

Mais certains le soupçonnent d’avoir continué en coulisses à tirer des ficelles, notamment en recommandant le renvoi en mai 2017 par M. Trump du chef du FBI, James Comey. C’était officiellement pour restaurer la « confiance » dans le FBI que Donald Trump a pris sa décision.

Pour la justifier, le président s’est appuyé sur un mémo sévère du ministre de la justice adjoint, Rod Rosenstein, dressant un réquisitoire sévère à propos de l’enquête conduite par M. Comey à propos de l’usage discrétionnaire par l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton d’un serveur privé quand elle était à la tête de la diplomatie américaine (2009-2013).

Lors d’une audition publique au Sénat en juin 2017, M. Sessions avait dénoncé comme un « mensonge détestable » l’idée qu’il aurait pu être de connivence avec le gouvernement russe. Il a suscité la frustration des sénateurs de la commission du renseignement, en se réfugiant souvent derrière la prérogative lui permettant de conserver la confidentialité de ses discussions avec le président.

Le président Donald Trump, qui ne cesse de dénoncer l’enquête russe comme une chasse aux sorcières, pourrait lui aussi prochainement répondre aux questions du procureur spécial.

Lors d’une audition publique au Sénat en juin 2017, M. Sessions avait dénoncé comme un « mensonge détestable » l’idée qu’il aurait pu être de connivence avec le gouvernement russe. / Evan Vucci / AP

Si l’ingérence de Moscou dans les élections – notamment sous forme de piratages informatiques ou de diffusion de fausses informations – ne fait aucun doute aux yeux des services de renseignement et de la majorité de la classe politique américaine, en revanche, aucune des enquêtes en cours – que ce soit celle menée par M. Mueller ou celles du Congrès – ne semble avoir, pour l’heure, permis de prouver une coopération délibérée entre l’équipe du candidat Trump et Moscou.