Emmanuel Macron a accueilli, le 22 janvier, une centaine de patrons de multinationales pour un dîner, dans la galerie des Batailles du château de Versailles. / THIBAULT CAMUS / AFP

C’est la troisième fois, en huit mois, qu’Emmanuel Macron utilise le château de Versailles, ses ors et sa pompe, pour envoyer un message politique. Le chef de l’Etat y avait longuement discouru en juillet devant le Parlement réuni en Congrès. Un mois plus tôt, il y avait reçu le président russe, Vladimir Poutine. Lundi 22 janvier, c’est encore là qu’il a accueilli une centaine de patrons de multinationales pour un dîner dans la galerie des Batailles, qui retrace quinze siècles de succès militaires français.

Cette utilisation intensive du château du Roi-Soleil tranche avec la pratique de ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy, qui avait permis que le président libyen Mouammar Kadhafi le visite, ne s’y est rendu officiellement qu’une fois, pour le Congrès de 2009. François Hollande, qui avait discouru lui aussi devant les deux chambres réunies au lendemain des attentats de novembre 2015, y a organisé un sommet européen. Mais le président socialiste n’a pas multiplié les événements politiques à Versailles. « Le faste du Roi-Soleil, ce n’était pas trop son truc », rapporte un ancien conseiller.

« Le lieu de la légitimité politique »

M. Macron, qui a théorisé « le vide » laissé par « l’absence de la figure du roi », a en revanche décidé de faire du château un instrument de sa diplomatie. Pour ce jeune président, accueillir sous les ors de Versailles est aussi un moyen de mettre en scène son propre pouvoir et la puissance supposée de la France. « Versailles, qui fut la capitale du pays jusqu’en 1789 est, dans l’imaginaire français, le lieu de la légitimité politique, abonde un ancien conseiller de M. Sarkozy. Comme Louis-Philippe avec Charles X, Macron, qui a tué le père, sait que son élection fut le fruit d’un concours de circonstances. Il a besoin de réaffirmer son pouvoir en s’inscrivant dans le fil de l’histoire. »

Pour l’ex-député PS, Gilles Savary, on peut y voir « la validation d’une dérive monarchique » ou « le moyen de rappeler au monde que la France a compté et entend compter encore ». C’est sans surprise cette deuxième explication qu’avance l’Elysée : « Louis XIV et son imaginaire adapté en macronie, c’est le lieu idéal pour symboliser une France qui rayonne, donc qui attire », résume le porte-parole de la présidence, Bruno Roger-Petit.