Un policier devant le centre pénitentiaire de Maubeuge. Le mouvement de mobilisation des gardiens de prison se poursuit mercredi 24 janvier. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Après une journée de négociation infructueuse, mardi, entre les syndicats des gardiens de prisons et la ministre de la justice Nicole Belloubet, le conflit s’enlise et entre, mercredi 24 janvier, dans sa dixième journée.

Les blocages des prisons se poursuivent. A Fresnes (Val-de-Marne), où les syndicats laissaient planer l’incertitude sur le transfèrement de Jawad Bendaoud, le « logeur des terroristes » du 13 novembre 2015, à son procès prévu dans l’après-midi à Paris, l’accès à la prison à été libéré, mercredi matin, par les forces de l’ordre.

Vers 8 h 30, les forces de l’ordre ont repoussé sur un côté la centaine de surveillants qui barraient l’entrée de la prison depuis 6 heures. Cet accès est réservé aux piétons, celui pour les véhicules restait lui toujours bloqué, selon le journaliste de l’Agence France-Presse.

Plus tôt, devant ce centre pénitentiaire du Val-de-Marne, au sud de la capitale, une centaine de personnes bloquaient à 7 heures l’entrée principale avec des poubelles, des pneus et des palettes enflammés.

« Détenu lambda »

Le secrétaire national de L’UFAP-UNSA (majoritaire), Jean-François Forget, avait affirmé mardi soir sur BFM-TV que les surveillants comptaient « bloquer » le transfert de Jawad Bendaoud vers le tribunal où débute son procès très attendu. Une décision que la ministre de la justice avait jugée « absolument pas acceptable ».

Jawad Bendaoud, le « logeur » de deux djihadistes du 13-Novembre, y est arrivé lundi, selon le secrétaire local de l’UFAP-UNSA Justice, Frédéric Godet, dans l’attente de son procès qui doit débuter mercredi après-midi à Paris. M. Godet prévient qu’il n’y a « pas de dispositif particulier pour ce détenu qui est pour nous un détenu lambda », expliquant que les extractions sont bloquées « depuis douze jours ». « Nous avons du respect pour les victimes d’attentats, on prendra nos responsabilités », avait-il ajouté, laissant entendre qu’« il y aura bien extraction » du détenu.

Des prisons bloquées de l’Ile-de-France jusqu’en Corse

A Fleury-Mérogis (Essonne), les accès aux maisons d’arrêt pour hommes et pour femmes étaient également barrés par une centaine de surveillants, selon un responsable local CGT. « Rien n’entre, rien ne sort », a assuré à l’Agence France-Presse le délégué de l’UFAP-UNSA, Alexandre Caby.

La prison de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, et celle de Meaux-Chauconin et Réau, en Seine-et-Marne, étaient également bloquées, tout comme la prison de Borgo en Corse. Cette dernière était gérée par les gendarmes, en remplacement des personnels absents, alors que des discussions se tiennent entre syndicats et directeur de l’établissement.

Critiques politiques

Les trois syndicats, UFAP-UNSA (majoritaire), FO et CGT-Pénitentiaire, ont appelé à poursuivre le mouvement de blocage des établissements. Mardi soir, Nicole Belloubet a assuré sur LCI que sa « porte [était] toujours ouverte », rappelant que « la situation de l’administration pénitentiaire et des prisons ne date pas d’il y a six mois [mais] de plusieurs décennies ».

Cette crise des prisons est l’une des plus importantes depuis vingt-cinq ans, et un défi pour le gouvernement : après les critiques des Républicains, reprochant à la garde des sceaux de « ne pas prendre la mesure » de la « détresse » des surveillants, c’est de la gauche que sont venues les attaques. Emmanuel Macron « s’est pris les pieds dans le tapis », a estimé mardi Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise à l’Assemblée nationale, tandis que le député PS Luc Carvounas a qualifié Nicole Belloubet de « ministre techno » empreinte de « désinvolture ».