Des forces turques près du mont Barsaya, au nord-est d’Afrin. / KHALIL ASHAWI / REUTERS

Opportunité d’un jour ou volonté de se greffer durablement sur l’offensive militaire turque ? Le groupe djihadiste syrien Tahrir Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, émanation d’Al-Qaida) a lancé plusieurs opérations contre l’enclave kurde d’Afrin, cible d’une attaque déclenchée le 20 janvier par l’armée turque et des brigades rebelles syriennes combattant sous la bannière de l’Armée syrienne libre (ASL).

Dans la soirée du 23 janvier, Tahrir Al-Cham a annoncé avoir attaqué et occupé des positions des Unités de protection du peuple (YPG) kurdes, près du monastère de Saint-Siméon, dans le sud du territoire contrôlé par les forces kurdes, après de « violents combats ». Quelques heures plus tôt, le groupe djihadiste faisait état d’accrochages avec les YPG, près de la localité de Darat Izza.

Or, l’armée turque a établi, en octobre 2017, des positions à Darat Izza comme sur la colline de Saint-Siméon. Une présence loin d’être discrète : la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira a ainsi filmé les forces d’Ankara en train d’établir des postes d’observation, de creuser des tranchées et de déployer des blindés dans ce secteur, après leur entrée en Syrie. Les combats entre djihadistes et Kurdes se sont donc déroulés, au mieux, sous le regard des soldats turcs. Voire avec leur aval complaisant.

Relations ambigues

Le déploiement des troupes turques dans le nord de la Syrie avait fait suite à la conclusion, le 15 septembre, d’un accord entre l’Iran, la Turquie et la Russie à Astana (Kazakhstan) sur la création de « quatre zones de désescalade, dont la plus grande à Idlib ». L’accord prévoyait le déploiement d’observateurs aux marges de cette province. L’armée turque s’était postée sur la ligne de démarcation séparant le territoire rebelle de l’enclave kurde d’Afrin, en plus de l’aérodrome militaire de Taftanaz. En contrepartie, les forces syriennes et russes devaient limiter leurs frappes aux djihadistes de Tahrir Al-Cham, une organisation considérée comme terroriste par la communauté internationale.

Après s’être, dans un premier temps, opposé verbalement à l’entrée des soldats turcs, le groupe djihadiste s’y était finalement résigné. Allant même jusqu’à escorter leurs convois sur les routes de la province syrienne. Les images de soldats d’un Etat membre de l’OTAN circulant accompagnés par des djihadistes issus d’Al-Qaida avaient alors révélé la nature ambiguë des relations entre ce groupe et Ankara. Une ambiguïté que les combats entre Tahrir Al-Cham et les forces kurdes, contre qui la Turquie est désormais en guerre ouverte, ne vont pas dissiper.