A Benghazi, en Libye, après une attaque à la bombe le 24 janvier 2018. / ABDULLAH DOMA / AFP

C’est un master qui forme des hybrides étranges : entre de ­potentiels Prix Nobel de la paix et des avatars de James Bond. Les diplômés du master « peace studies », proposé par l’université Paris-Dauphine ­depuis la rentrée 2013, ont pour ambition de devenir des pacificateurs avertis. Leur mission ? Renouer des liens entre des partis antagonistes, juguler les désastres, déminer les tensions entre les Etats ou les peuples… Des négociateurs tout-terrain aux multiples talents, « capables de s’asseoir à une ­table avec des assassins et de trouver un ­accord », résume Alexis Tsoukias, responsable de cette formation.

Comment intégrer ce master très particulier ? D’abord, « avoir de bonnes notes », sourit le patron du cursus. Sur 300 candidats au master en 2016, moins d’une trentaine ont été admis, parmi lesquels 80 % de femmes. L’excellence est donc de rigueur, mais pas seulement. « Il faut avoir un engagement humanitaire fort. C’est un vrai ­moteur dans des univers durs et complexes. Il ne s’agit en rien d’un ­diplôme de pacifisme, mais d’un outil pour se relever de ­situations terribles où on peut avoir à faire face à la torture et à la barbarie », avertit Aurélie Daher, professeure d’histoire et de sciences politiques.

« Je ne me voyais pas négocier des ampoules ou des espaces publicitaires toute ma vie. » Violette, étudiante

« Nos étudiants veulent donner du sens à leur vie », souligne Sonia Bahri, coordinatrice du conseil d’orientation « peace ­studies ». Avant d’intégrer ce master dauphinois, ­Violette Cauwel, 25 ans, a fait ses premières armes à Kedge, grande école de management de Bordeaux. Diplôme en ­poche, elle met le cap vers le Brésil, où elle officie en tant qu’acheteuse pour une enseigne française de bricolage.

« Je ne me voyais pas négocier des ampoules ou des espaces publicitaires toute ma vie », explique-t-elle. Elle s’investit alors auprès d’une organisation non gouvernementale (ONG) dans les favelas. De retour en France, elle opte pour le ­master « peace ­studies ». Aujourd’hui, ses compétences pour les ­chiffres, le business, ­l’analyse de données, elle les investit pour l’Unicef. « Récemment, nous avons ­obtenu 500 000 euros pour ­endiguer une épidémie de peste à ­Madagascar », se ­félicite la jeune femme.

Formation pratique

La formation de ce master est construite autour de « quatre compétences fondamentales, ­détaille Anouck Adrot, responsable de ­formation : relever les signaux faibles qui permettraient d’identifier ce qui peut mener une région à une situation conflictuelle ; ­éviter l’enlisement et donc développer une analyse des jeux de pouvoir ; répondre à des événements imprévus (crise, tsunami, ­famine…), et enfin reconstruire des relations pacifiées ».

Pour acquérir le socle de compétences, l’université apporte ses connaissances scientifiques d’aide à la décision en informatique, logistique, management, négociation, sociologie… « Une formation pratique et technique », reconnaît Alice Fereday, jeune diplômée, aujourd’hui spécialiste de la ­médiation de conflit armé et chargée du programme ­Libye pour l’ONG Promédiation.

La formation théorique est suivie de six mois de stage, antichambre indispensable à une professionnalisation des compétences et dernière étape avant une embauche. Les employeurs sont les grandes organisations internationales, les ONG, ainsi que les ministères et entreprises dont les missions ou les affaires se conduisent parfois au milieu de situations de crise et de conflit.

« Le Monde » organise son 13e salon des masters et mastères spécialisés, samedi 27 janvier 2018

Avec la réforme de la sélection en master, qui s’effectue principalement à l’entrée du M1, il est important de se renseigner en amont sur les critères d’admission dans les différents cursus. Le 13Salon des masters et mastères spécialisés du groupe Le Monde, organisé samedi 27 janvier aux Dockes - cité de la mode et du design à Paris, sera l’occasion d’assister à six conférences animées par la rédaction et de rencontrer près d’une centaine d’établissements – grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, universités et Instituts d’administration des entreprises (IAE) –, qui présenteront quelque 3 000 programmes, toutes spécialités confondues. L’entrée sera gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente à l’entrée.

Plus d’informations sur salondesmasters.com

Consultez également notre dossier spécial consacré aux masters, mastères spécialisés et MSc, sur LeMonde.fr/masters-ms, et à paraître dans Le Monde daté du jeudi 25 janvier.