Florence Portelli et Maël de Calan lors d’une conférence de presse, le 25 janvier, à Paris. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

La fronde contre Laurent Wauquiez prend corps au sein du parti Les Républicains (LR). Mécontents de la place qui leur a été réservée dans la commission nationale d’investiture du parti, et de celle qui devrait leur être accordée dans la future composition du bureau politique, Florence Portelli et Maël de Calan ont décidé d’unir leurs forces contre le président de LR. Et laissent entendre qu’ils pourraient claquer la porte s’ils ne sont pas entendus.

Les deux participants à l’élection interne de décembre 2017 contre M. Wauquiez ont organisé une conférence de presse commune, jeudi 25 janvier, à Paris. L’occasion pour l’un, Maël de Calan, de dénoncer le « signal d’exclusion » envoyé par le nouveau patron de la formation de droite, et pour l’autre, Florence Portelli, de s’en prendre à un « parti autocrate et monolithique ». « Si Laurent Wauquiez est le premier stalinien de l’histoire de la droite, ce sera sans moi », a-t-elle prévenu.

« Je ne resterai pas dans une famille politique qui ne tient pas sa parole », Vincent Jeanbrun, maire de l’Haÿ-les-Roses

La veille, les deux responsables ont envoyé un courrier commun au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour lister leurs griefs. « Le 12 décembre, écrivent-ils dans cette lettre, nous nous sommes rencontrés à ta demande. (…) Tu as pris l’engagement que nous serions représentés au sein des instances en proportion de nos scores [16,11 % pour Mme Portelli, 9,25 % pour M. de Calan]. » Mais, lors de la réunion du bureau politique, mardi 23 janvier, M. Wauquiez a affirmé devoir rogner sur leurs places pour en accorder aux proches du président du Sénat, Gérard Larcher, et à ceux du président du groupe des sénateurs LR, Bruno Retailleau.

« Il nous a expliqué que de l’eau a coulé sous les ponts », a raconté M. de Calan, qui reproche à M. Wauquiez de « construire sur le mensonge » et de « privilégier les combinaisons entre barons à l’équilibre démocratique ». Présent à ses côtés, Vincent Jeanbrun, maire de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), s’est dit pour sa part « bien décidé à en découdre avec Laurent Wauquiez ». « Je ne resterai pas dans une famille politique qui ne tient pas sa parole », a ajouté M. Jeanbrun, qui assume de lancer un « ultimatum » au président de LR.

Les départs de cadres et d’élus se multiplient

C’est bien cette menace qui pèse de manière générale sur les épaules de Laurent Wauquiez, alors qu’une partie de la droite modérée estime ne plus avoir de place au sein de LR. Depuis des semaines, les départs de cadres et d’élus se multiplient, notamment en réaction à l’élection de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Questionnée sur son souhait de rester ou non au sein de sa famille politique si la situation devait s’enliser, Mme Portelli a lâché, laconique : « Ça, on verra. » « Si demain Laurent Wauquiez continue à rétrécir ce parti, il signe son arrêt de mort », a précisé de son côté M. de Calan.

« Avec Florence, nous avons encore de vraies divergences », a ajouté ce dernier, un juppéiste, à propos de la maire de Taverny (Val-d’Oise), ancienne porte-parole de la campagne présidentielle de François Fillon. Mais les deux ex-candidats ont en commun de vouloir peser. Le premier réunira d’ailleurs ses proches, samedi 27 janvier, en marge du conseil national de LR, organisé salle de la Mutualité, à Paris. Il a demandé à prendre la parole lors de l’événement. La seconde séchera le rendez-vous.

« On ne peut pas peser si on n’est pas représentés, souligne M. de Calan. Je ne suivrai pas un chef de clan, on a vocation à réunir les chapelles dans une grande cathédrale. » Et d’ajouter, cruel : « Sinon, on prévient la Miviludes [la mission interministérielle de prévention et de lutte contre les dérives sectaires]. »