Fabien Sudry, le préfet du Pas-de-Calais, répond vivement, jeudi 25 janvier, sur Twitter à l’écrivain et chroniqueur Yann Moix, qui critique le comportement des forces de l’ordre à Calais.

Dans une tribune publiée lundi dans Libération sous le titre « Monsieur le président de la République, chaque jour, vous humiliez la France en humiliant les exilés », l’auteur dénonce des « actes de barbarie » à l’encontre des migrants, photos et vidéo à l’appui. Il accuse Emmanuel Macron d’ordonner aux forces de l’ordre des « actions souillant la dignité de l’homme », comme l’usage de gaz, dans ce qu’il qualifie de « protocole de la bavure ».

Les associations intervenant auprès des migrants à Calais dénoncent également régulièrement des violences policières.

« Deux Yann Moix » pour le préfet du Pas-de-Calais

« Cette accusation est d’une telle gravité que je ne comprends pas pourquoi vous refusez de saisir la justice et de lui confier vos enregistrements pour que la vérité soit établie », lui répond Fabien Sudry. Aucun agent de la force publique, souligne-t-il, ne « reçoit, ni n’a reçu, d’instructions contraires à la déontologie ».

« Il y a à l’évidence deux Yann Moix », écrit le préfet. « Le premier, à qui j’ai parlé au téléphone, m’expliquait en s’excusant qu’il avait été “outrancier” sur le plateau d’“On n’est pas couché” (…) et mentionnait que “quelques pourcentages seulement” des images qu’il avait filmées montraient ce qu’il appelait des “violences policières” », explique M. Sudry, se référant au documentaire de M. Moix devant être diffusé en mai, et dont certaines images sont déjà accessibles.

« Le second, auteur d’un brûlot dans Libération, semble découvrir qu’il est très légitimement fait usage proportionné de gaz lacrymogène à chaque fois que cela est nécessaire pour empêcher l’intrusion de migrants dans le tunnel sous la Manche ou dans le port de Calais (…) ou pour protéger les transporteurs routiers », poursuit le préfet, qui dit avoir demandé que les images en question soient « soigneusement examinées pour déterminer les faits » dénoncés.

« Il choisit de ne pas dire un mot du dispositif humanitaire mis en place par l’Etat à Calais (…) et ne prend pas la peine de donner la parole aux élus du Calaisis », écrit encore M. Sudry.

« Si le premier Yann Moix a raison, alors le second a tort. Si le premier Yann Moix dit vraiment en privé ce qu’il pense, alors le second Yann Moix écrit en public ce qu’il sait ne pas être la vérité », en conclut le représentant de l’Etat.

Images de 2016

Il affirme aussi que certaines images présentées « comme des preuves de violences policières aujourd’hui semblent montrer en réalité des opérations de maintien de l’ordre » du temps de la « jungle » de Calais, démantelée en octobre 2016. Réfutant « les accusations les plus graves » portant sur « les violences physiques contre les migrants », M. Sudry dénonce des « affirmations infamantes pour les forces de l’ordre ».

Jeudi, Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, a également réagi jeudi sur Europe 1 aux propos de Yann Moix l’assimilant au ministre de la « matraque et de la barbarie » : « C’est dur. Il serait plus nuancé, ça serait mieux que d’accuser de manière globale ». « Quelqu’un pourrait faire un film vu de l’autre côté, il y a toujours deux faces que l’on peut montrer, et il verrait que nos policiers, nos gendarmes travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et que les CRS quelques fois sont véritablement à bout », a-t-il aussi déclaré.