A la suite de l’annonce des propositions présentées dans le rapport Mathiot, mercredi 24 janvier, une de nos journalistes chargée de l’éducation au Monde, Violaine Morin, a répondu en chat à vos questions sur la réforme du lycée, et plus particulièrement du baccalauréat.

Visiteur : Quelles sont les propositions qui seraient mises en œuvre dès la session 2018 ?
Violaine Morin : La réforme concernerait le bac 2021, donc les élèves actuellement en troisième qui arriveront en seconde à la rentrée 2018. Comme les délais sont courts, le ministre a précisé que, sous réserve d’être adoptés après concertation avec les syndicats (mi-février), les changements seraient d’abord très légers pour les élèves en seconde en 2018. On prévoit par exemple d’y introduire le temps de préparation à l’oral et d’information sur l’orientation. Les vrais changements interviendront en septembre 2019, lorsque la première cohorte arrivera en 1re et sera donc la première génération à choisir ses matières majeures et mineures.

Visiteur : Dans les projets évoqués, l’histoire-géo a l’air de faire figure de parent pauvre avec un seul couplage possible avec l’économie. Comment expliquer cela ?

D’abord, l’histoire-géo fait obligatoirement partie du tronc commun, pour tous les élèves, sur les trois années de lycée. Donc elle fait partie des matières qui au contraire seront maintenues quels que soient les choix des élèves. Ensuite, pour les couples de majeures proposés, nous n’avons pas détaillé toutes les possibilités envisagées par le rapport Mathiot comprenant de l’histoire, le rapport mentionnant histoire-géo/SES (sciences économiques et sociales) et la possibilité de proposer un couple littérature/histoire-géo. Par ailleurs, gardez en tête que les lycées pourront sans doute proposer des « majeures d’établissement », dont l’histoire pourrait faire partie. On peut très bien imaginer qu’un lycée souhaite préparer les élèves aux études d’humanités (prépa littéraire, licence d’histoire, licence de lettres…) et propose des majeures français/histoire puis philo/histoire !

Visiteur : Certains lycées pourront-ils proposer quatre épreuves écrites à l’examen, et non deux, comme annoncé dans les médias (par exemple, maths-physique et français-anglais) ?

Il y a en fait cinq épreuves à l’examen :

  • Français écrit et oral (en 1re)
  • Majeure 1 à l’écrit (après Pâques de l’année de terminale)
  • Majeure 2 à l’écrit (idem)
  • Philosophie à l’écrit (mi-juin)
  • Grand oral (fin juin)

Visiteur : Quel serait le contenu et le fonctionnement des mineures ?

Les mineures font partie du nouveau système modulaire, qui détermine des matières « majeures » et des matières « mineures » au choix de l’élève selon des couples prédéfinis au niveau national ou dans l’établissement.

Pour ce qui est des « mineures », elles apparaissent dès le deuxième semestre de seconde, où l’on choisit une matière « mineure », et une matière mineure optionnelle.

Pour l’année de seconde, l’élève peut choisir en mineure toutes les matières qu’il n’a pas choisies en majeures :

  • SES
  • Physique-chimie
  • SVT
  • Sciences de l’ingénieur et technologie
  • Littérature

Il peut également choisir l’une des matières suivantes, qui remplacent les enseignements d’exploration, dont la disponibilité dépend des offres de son lycée :

Principes fondamentaux de l’économie et de la gestion :

  • Méthodes et pratiques scientifique
  • Informatique et sciences du numérique
  • Création et innovation technologique
  • Arts appliqués…

En mineure optionnelle, l’élève peut choisir :

  • Langues et civilisations anciennes
  • Langue vivante
  • Enseignements artistiques et culturels
  • EPS
  • Section européenne
  • Arts du cirque
  • Création et culture du design

Deux enseignements « mineurs » obligatoires et un enseignement mineur optionnel en première et terminale :

Le rapport propose qu’une, ou les deux mineures, vienne en complément logique de la majeure pour dessiner un parcours de spécialité (littéraire, scientifique, sciences sociales, etc.). Mais il propose aussi que la mineure vienne créer une ouverture vers un domaine très différent. Cela devra être arbitré en fonction du degré de conviction de l’élève dans la ou les voies auxquelles il se destine. Avoir une mineure qui n’a rien à voir avec les majeures permet d’éviter le « tunnel » maths-physique-SVT auquel se soumettent aujourd’hui 52 % des bacheliers, dont certains n’ont pas du tout l’intention de poursuivre des études de sciences (40 % d’entre eux)…

Visiteur : Dans les projets, il semblerait que l’on puisse changer d’option (ou de mineure) de semestre en semestre. Comment cela fonctionnera-t-il ? Pourrait-on alors avoir des élèves qui auraient suivi trois semestres et d’autres un seul ?

Oui en effet, le « droit à l’erreur » pour le lycéen fait partie des principes préconisés par le rapport Mathiot. Un élève pourra changer l’une de ses deux majeures entre la première et la terminale, et de même, il pourra faire évoluer ses mineures au cours de son parcours. Pour que cela soit possible, il faut envisager un programme semestrialisé, de façon à ce que les élèves puissent étudier entre un et quatre semestres, selon leur choix. Il faut aussi imaginer (attention révolution) des classes bi-niveaux ! Exemple : mettre ensemble des premières et des terminales qui ont à leur actif le même nombre de semestres dans telle ou telle matière. En revanche, il ne sera pas possible de prendre en terminale une mineure optionnelle qui n’aura pas été suivie en 1re (les mineures optionnelles correspondant, en fait, aux actuelles options type arts, section européenne, etc.).

Visiteur : Les travaux personnels encadrés sont-ils maintenus en première ou pas ?

Les travaux personnels encadrés ne font pas partie des nouvelles pistes envisagées par le rapport Mathiot. Par contre, il serait excessif de dire qu’ils « disparaissent » puisque les TPE ont inspiré le nouveau format du grand oral, sur lequel les élèves travailleront dès la première avec un projet pluridisciplinaire préparé sur deux ans (projet arrêté au début de la terminale).