Aux  « Grands Voisins », à Paris, sur l’ancien site de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, on trouvait des restaurants, des boutiques solidaires, des hébergements d’urgence, des ateliers d’artistes... / STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP

Ni privatisé ni standardisé, mais ouvert et ­singulier ; pas imposé, mais inclusif car pensé, voire réalisé, en concertation avec les habitants. C’est ainsi que Pascal Le Brun-Cordier, fondateur du master 2 « projets culturels dans l’espace public » à Paris-I-Panthéon-Sorbonne, créé en 2005, imagine l’espace public de demain.

Ses étudiants s’y spécialisent en urbanisme dit tactique, mais aussi en culture « expérientielle », c’est-à-dire riche d’expériences, et « qui incite à participer, explicite Pascal Le Brun-Cordier. Finis les consommateurs passifs, les citoyens obéissants ou les spectateurs distants. » Cette année, la promotion du master collabore avec l’organisme Action Logement à la création d’actions artistiques ou culturelles dans le cadre de la réhabilitation de résidences à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

« Cette diversité et cette complémentarité des compétences et des intérêts, associées à une vraie dynamique de groupe, incitent à la créativité. » Essia Jaïbi, ancienne étudiante

Après un diagnostic sensible de l’environnement, conjuguant observation des usages et rencontres avec les habitants, les étudiants devront imaginer des formats singuliers de projets, adaptés au contexte ­social et économique.

Fresque, performance, jardin, maison de quartier, le champ des possibles est d’autant plus vaste que le profil des étudiants est ­varié. Ils viennent de l’urbanisme, de l’architecture, du ­design, des arts de la rue ou des sciences sociales.

« Cette diversité et cette complémentarité des compétences et des intérêts, associées à une vraie dynamique de groupe, incitent à la créativité », témoigne Essia Jaïbi, ancienne étudiante. Et l’inventivité est ­primordiale pour penser de nouvelles formes et de nouvelles ­relations dans l’espace public.

Innovations culturelles

Les diplômés du master devenus concepteurs-producteurs réhabilitent notamment des friches comme Antoine ­Cochain, promotion 2006-2007. Il a participé à la préfiguration de la transformation de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, en un ­espace pluridisciplinaire nommé Grands Voisins, associant hébergement sociaux, ­locaux pour des projets associatifs, culturels et ­solidaires et ­événements ouverts au public.

Ils inventent des maisons de quartiers en lien avec les institutions territoriales et les habitants. Ils produisent des événements culturels ou artistiques éphémères comme Essia Jaïbi et son ­spectacle déambulatoire La Nuit des étoiles, à Tunis.

Ils deviennent aussi experts en innovation culturelle. Victoire Bech, de la promotion 2012-2013 et maintenant chargée de ­mission ingénierie, valorise la capacité de l’équipe du centre culturel le ­CentQuatre, à Paris, à créer des projets artistiques en lien avec le territoire.

« Banya » une œuvre de Benoit Rassouw sur le site des « Grands Voisins », à Paris, en octobre 2017. / STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP

Ils participent à la politique ­culturelle territoriale, comme ­Charlotte Morel, de la promotion 2005-2006 et actuelle directrice des arts visuels de la ville de Lille. « Ils inventent de nouvelles façons d’être ensemble », conclut Pascal Le Brun-Cordier. L’enseignement dispensé aux 20 étudiants sélectionnés chaque ­année associe ­recherche et professionnalisation : il alterne entre réflexions critiques sur l’espace public, sur le lien social ou sur la place de la ­culture dans la société et mises en situation.

« Créer un réseau »

Les étudiants collaborent avec des opérateurs privés de l’aménagement, des collectivités territoriales ou des associations partenaires comme Coloco. En sus, « de nombreux professionnels interviennent tout au long de l’année, témoigne Victoire Bech. C’est l’une des grandes forces de ce master. Cela nous permet d’identifier les ­rôles et les métiers de chacun et de se créer un ­réseau ». Les étudiants formés à la gestion de projets ­culturels acquièrent une compétence : la recherche de financement auprès ­d’acteurs publics ­nationaux et européens.

Un atout alors que « les villes sont de plus en plus ouvertes aux propositions d’art dans l’espace public et essaient de développer des formes plus diversifiées que la simple statuaire », confirme Charlotte Morel.

Le master imaginé il y a douze ans et les réflexions prospectives de son directeur artistique ­Pascal Le Brun-Cordier répondent donc aux attentes actuelles d’une ­société en quête de valeurs sociales et solidaires.

« Le Monde » organise son 13e salon des masters et mastères spécialisés, samedi 27 janvier 2018

Avec la réforme de la sélection en master, qui s’effectue principalement à l’entrée du M1, il est important de se renseigner en amont sur les critères d’admission dans les différents cursus. Le 13Salon des masters et mastères spécialisés du groupe Le Monde, organisé samedi 27 janvier aux Dockes - cité de la mode et du design à Paris, sera l’occasion d’assister à six conférences animées par la rédaction et de rencontrer près d’une centaine d’établissements – grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, universités et Instituts d’administration des entreprises (IAE) –, qui présenteront quelque 3 000 programmes, toutes spécialités confondues. L’entrée sera gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente à l’entrée.

Plus d’informations sur salondesmasters.com

Consultez également notre dossier spécial consacré aux masters, mastères spécialisés et MSc, sur LeMonde.fr/masters-ms, et à paraître dans Le Monde daté du jeudi 25 janvier.