Au siège de Heetch à Paris en 2015. / BERTRAND GUAY / AFP

Elle a survécu ! Heetch, la société de transport entre particuliers condamnée lourdement par le tribunal correctionnel de Paris, le 2 mars 2017, revit en tant que société de VTC fonctionnant avec des conducteurs professionnels. Les clients sont restés fidèles et l’entreprise, née en Ile-de-France, a réussi à attirer pas moins de 8 000 chauffeurs, grâce à la marge de 15 % qu’elle prélève sur chaque trajet. C’est la plus basse du marché, au niveau de celle de Txfy, alors que la plate-forme Uber se rémunère à hauteur de 25 % sur chaque course.

Après neuf mois d’exercice sous ce nouveau régime, l’entreprise revendique environ 100 000 trajets par semaine. Ce qui a poussé la PME à augmenter ses effectifs, de 60 à 85 personnes. Désormais, Teddy Pellerin, son patron, veut poursuivre sa renaissance. Vendredi 26 janvier, la jeune société a annoncé une levée de fonds de 16,5 millions d’euros auprès de ses fonds actionnaires actuels, les français Alven et Via ID, mais également auprès du fonds britannique Felix et du français Idinvest.

« Le marché des VTC est plus concurrentiel que le marché où nous proposions du transport entre particuliers essentiellement la nuit et les week-ends, mais les volumes sont bien plus importants », relève Teddy Pellerin. En quelques mois, la plate-forme de mise en relation s’est hissée dans le peloton de tête des services de VTC, derrière Uber, mais aux coude à coude avec Txfy et Chauffeur privé.

Un côté décontracté

Heetch tire parti d’une marque désormais bien connue, non seulement en banlieue parisienne, où son côté décontracté et humain a séduit depuis longtemps, mais aussi par toute la population, du fait de la médiatisation de sa comparution devant la justice début 2017. « On aurait mieux voulu éviter le procès, une publicité somme toute négative, mais c’est vrai que cela a mis un peu en lumière l’entreprise », convient M. Pellerin.

Avec l’argent levé, la société entend accélérer. « Nous souhaitons avant tout renforcer nos équipes techniques pour améliorer notre produit et augmenter significativement notre part de marché en France pour challenger Uber », assure M. Pellerin. Dans l’Hexagone, la société est déjà présente, outre Paris, à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice. La société veut rapidement se déployer à Montpellier, Strasbourg et Toulouse. A terme, elle espère détenir 15 à 20 % du marché, deux fois plus qu’actuellement.

Ensuite, cap sur l’international. Déjà installé à Bruxelles, Stockholm et Milan, Heetch a demandé sa licence pour offrir son service à Londres, le plus grand marché européen. L’entrée du fonds britannique Felix, qui légitimise la société au Royaume-Uni, n’est pas étranger à cette initiative.

Une montée en gamme au Maroc

La société se développe également dans un autre royaume, cette fois au sud de la Méditerranée : le Maroc. Pas question cette fois d’offrir du transport entre particuliers, comme le propose déjà Uber où l’un de ses concurrents dans le monde arabe, Careem. Heetch s’est associé aux conducteurs de taxi, et à leurs représentants – il a signé avec 19 des 20 syndicats de taxis marocains – pour mettre à disposition sa plate-forme de mise en relation.

« En France, à notre création, nous cherchions à proposer une offre très populaire et alternative aux taxis ou VTC, jugés à l’époque trop chers par les jeunes, rappelle M. Pellerin. Au Maroc, où le taxi est très populaire et relativement abordable, nous aidons cette profession à se digitaliser. Pour nos clients, nous les aidons à trouver des taxis sûrs et de bonne qualité. » C’est une sorte de montée en gamme.

Après Casablanca, Heetch vise plusieurs autres villes marocaines. « Puis, ajoute le patron, pourquoi pas d’autres villes du pourtour méditerranéen comme Tunis, Le Caire, ou plus au sud, en Afrique subsaharienne. » Désormais, Heetch en a les moyens.