Série sur Numéro 23 à 20 h 55

LES OUBLIÉES / BANDE-ANNONCE
Durée : 02:56

Depuis le début des ­années 1990, six jeunes filles ont disparu près de Boulogne-sur-Mer, dans la région des Hauts-de-France. Six jeunes filles graciles à la longue chevelure blonde. A chaque fois, leurs habits, lavés et soigneusement repassés, ont été retrouvés pliés et enveloppés dans un sac en plastique transparent, sur un banc public. Dans chaque paquet, entre les vêtements, une statuette en porcelaine blanche représentant la Vierge Marie.

« Oubliées », ces disparues ne le sont pas pour le capitaine Christian Janvier (Jacques Gamblin), hanté par ces affaires sur lesquelles il enquête depuis quinze ans. Lâché par sa hiérarchie, qui ­estime que l’acharnement du gendarme à tirer au clair ces ­histoires est devenu obsessionnel, Janvier continue néanmoins son combat. Les portraits des six jeunes filles sont affichés sur le mur en face de son bureau. ­Chaque jour, il les scrute et les ­observe, remonte mentalement le fil des enquêtes dans l’espoir de trouver l’élément qui le mènera au coupable et lui permettra de se libérer de ces visages.

« Je comprends qu’à force de les voir depuis quinze ans on soit un peu space », s’exclame d’ailleurs le jeune officier (Fabien Aïssa ­Busetta) qui débarque un matin dans le bureau du capitaine pour le seconder dans l’enquête, alors qu’une septième jeune fille « âgée de 18 ans, blonde à la peau claire », est portée disparue. « Space, je suis space, moi ? », ­rétorque Janvier. « Je ne sais pas, c’est ce que tout le monde dit », ­répond la nouvelle recrue.

Un capitaine un peu « spécial »

De fait, solitaire, guère expansif et sujet à des « absences », le capitaine est un peu « spécial ». C’est une chance pour une série de mettre en scène une telle complexité, la durée autorisant l’étude approfondie d’un personnage. « Dans beaucoup d’affaires criminelles, on retrouve souvent un homme seul, qui enquête depuis plusieurs années sur une affaire et qui s’est mis en danger dans sa vie personnelle et professionnelle. C’est ce que j’avais envie de raconter, expliquait Hervé Hadmar, en 2008, lors de la première diffusion des Oubliées. La figure du flic bourru, mal rasé, solitaire, qui rentre chez lui pour avaler une pizza froide et boire une bière, on la connaît par cœur. Je préférais mettre en scène un gendarme, un militaire, qui a reçu une formation pour maîtriser la situation, mais qui finalement se perd. »

A l’écran quasiment à chaque plan, Jacques Gamblin, visage émacié, regard profond, incarne avec justesse cet homme obstiné, possédé par son enquête. A son côté, Fabien Aïssa Busetta campe un « bleu » maladroit et un peu gauche, mais dont le côté rationnel contrebalance les aspects lunaires de son acolyte.

Cette série qu’Hervé Hadmar a réalisée – et coécrite avec Marc Herpoux – se distingue par la qualité de sa réalisation (belle image froide aux tons bleutés), de son scénario et de son interprétation. Elle est également servie par une bande musicale subtile signée Eric Demarsan (Le Cercle rouge et L’Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville, Section spéciale, de ­Costa-Gavras). Les Oubliées est un thriller psychologique qui tient en haleine jusqu’à la toute fin du sixième et dernier épisode.

Les Oubliées, série créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux. Avec Jacques Gamblin, Fabien Aïssa Busetta, Arsène Jiroyan (Fr., 2007, 6 × 52 min).