Le navigateur français François Gabart. / CAPA PRESS

LES CHOIX DE LA MATINALE

Les calembours de Monsieur Poulpe, le portrait intime du marathonien des mers François Gabart et un documentaire sur les théories du complot prisées par les djihadistes : voilà notre sélection hebdomadaire de replays.

« Crac Crac », les coquineries de Monsieur Poulpe

Hollywood Boulard #2 x Charline Vanhoenaker (extrait)
Durée : 01:35

Monsieur Poulpe a choisi un nom qui n’est pas facile à porter. Mais on s’y est fait, et lui aussi. D’ailleurs, ses mines flapies, ses yeux un peu tombants et sa gaillarde mollesse lui donnent, quand il le veut, des mines de grand mollusque amical.

Membre fondateur du Studio Bagel, racheté en 2013 par Canal+, il s’est depuis illustré sur la chaîne par abonnement, survivant à la purge qui a secoué la maison. On ne l’aimait guère en duo avec Alison Wheeler, dans la dernière mouture du « Grand Journal », pilotée par Antoine de Caunes. Mais, dans « L’Emission d’Antoine », toujours menée par de Caunes, on l’avait trouvé bien meilleur.

Parfait disciple de son mentor, Monsieur Poulpe fréquente le même humour décalé, grevé de coquineries et de mauvais calembours. Les coquineries sont même la matière de sa nouvelle émission mensuelle sur Canal+, « Crac Crac », dont le titre dit tout ou presque. C’est olé-olé, sans qu’il y ait de quoi fouetter un chat ou se relever la nuit. On se sera amusé, dans l’émission de janvier, du faux tournage de film porno politique avec, à la réalisation, Poulpe et la journaliste belge Charline Vanhoenacker. Et l’on aura beaucoup ri à la déclinaison « sexy » de la légendaire et tordante série « Message à caractère informatif ». Renaud Machart

« Crac Crac », présenté par Monsieur Poulpe (2017-2018). Sur Canalplay

Dans l’intimité de François Gabart

Le navigateur français François Gabart. / CAPA PRESS

Le 17 décembre 2017, François Gabart battait le ­record du tour du monde en solitaire en 42 jours, 16 heures et 40 minutes. Soit 6 jours et 10 heures de moins que le précédent, détenu par le navigateur Thomas Coville. Cette performance n’aurait pu être accomplie sans les longs mois de préparation sportive et technique qui l’ont précédée, ainsi que nous le fait découvrir le journaliste ­Manuel Herrero.

Tout commence en mars 2017, à Lorient, où est entreposée, dans un hangar, la formule 1 des mers de François Gabart. Ce ­dernier profite de l’hiver, période de trêve des navigateurs, pour faire, avec ses équipes, le ­contrôle technique de son ­bateau. Un trimaran (bateau à trois coques) immense. Trente-deux mètres de long pour 23 de large et 35 de hauteur.

La visite n’est qu’un préambule. Car vient le moment de la remise à l’eau du multicoque et le début des entraînements, le vainqueur du Vendée Globe 2012-2013 devant participer avec son équipage à la course The Bridge 2017, qui voit plusieurs multicoques affronter le Queen-Mary 2 (l’un des plus grands paquebots du monde), dans une épreuve reliant Saint-Nazaire à New York. Au-delà du quotidien d’un grand sportif, c’est le portrait d’un homme de 34 ans que ­Manuel Herrero parvient à dresser dans son documentaire, à travers notamment des images d’archives et des témoignages. Mathieu Ait Lachkar

François Gabart, l’étoffe d’un champion, de Manuel Herrero (Fr., 2017, 55 min). Sur MyCanal

Les alibis de la terreur décryptés

Rudy Reichstadt est sur tous les fronts. Membre de l’Observatoire des radicalités politiques à la fondation Jean-Jaurès, le politologue anime depuis 2007 le site Conspirary Watch, où il passe aux cribles, pour mieux les démonter, les théories du complot. Il poursuit ici ce combat, en cosignant avec Georges Benayoun un documentaire éclairant sur la façon dont le djihadisme utilise et nourrit les thèses complotistes pour justifier la terreur.

Car ainsi que l’explique l’historien Pierre-André Taguieff : « Le terrorisme a besoin de justification, de légitimation comme les totalitarismes. (…) Même les djihadistes recherchent du sens et veulent un monde ordonné où leur crime puisse avoir un sens et une valeur de rédemption. » Et ce sens, les djihadistes l’ont trouvé dans la théorie du complot judéo-croisé contre l’islam. A ce mythe d’un complot islamophobe s’est ajouté celui « plus attractif car plus moderne » d’un « terrorisme fabriqué » qui, sous des dehors pseudo-scientifiques, vise à mettre en doute les versions officielles.

S’appuyant largement sur des entretiens avec des spécialistes de ces questions (Pierre-André Taguieff, Soufiane Zitouni, Gérald Bronner), sur des témoignages de victimes d’attentats (ou de leurs proches) pour qui ces discours niant la réalité s’apparentent à une double peine, ce film dense, illustré de vidéos de propagande, s’offre comme un outil civique de résistance. Christine Rousseau

Complotisme, les alibis de la terreur, de Rudy Reichstadt et Georges Benayoun (Fr., 2017, 60 min). Sur Francetv.fr