Une photo non datée montrant les religieux du monastère de Tibéhirine en Algérie, dans les années 1990. / - / AFP

Les sept moines de Tibéhirine assassinés en Algérie en 1996 ont été reconnus martyrs en vue de leur béatification, selon un décret publié samedi 27 janvier par le Vatican. Les sept moines trappistes français font partie d’un groupe de dix-neuf « martyrs » tués en Algérie entre 1994 et 1996 – dont l’ancien évêque d’Oran Pierre Claverie – qui vont être béatifiés.

Les frères Christian, Bruno, Christophe, Célestin, Luc, Paul et Michel, enlevés dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, à 80 km au sud d’Alger, avaient entre 45 ans et 82 ans. Le destin tragique de ces moines, emportés par la violence, avait inspiré le film du Français Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux (2010). Grand Prix du Festival de Cannes, le film a connu un succès international.

Béatification et canonisation s’inscrivent dans une tradition séculaire et le Vatican affirme qu’une canonisation ou une béatification est une affaire interne à l’Eglise, qui se veut tout aussi ahistorique qu’apolitique.

Une affaire toujours non élucidée

D’un point de vue judiciaire, les circonstances de la mort des sept moines trappistes, enlevés et décapités en pleine guerre civile algérienne, restent controversées et l’affaire otage des relations franco-algériennes. Selon le récit officiel, les religieux ont été tués par le Groupe islamique armé (GIA), mais cette version a été régulièrement dénoncée, certains accusant l’armée algérienne d’être impliquée dans leur disparition.

Il aura fallu attendre octobre 2014 pour que le juge antiterroriste Marc Trévidic puisse se rendre sur place accompagné d’experts afin de participer à l’exhumation des têtes des moines, les seules parties de leurs corps qui ont été retrouvées. Mais ce n’est qu’en juin 2016 que ces prélèvements ont été transmis aux enquêteurs français pour déterminer si les religieux ont été décapités avant ou après leur mort. La seconde hypothèse remettant en cause la piste d’assassinats commis par le Groupe islamique armé (GIA).

Fondé en 1938, le monastère de Tibéhirine n’accueille plus de communauté monastique, mais des croyants qui continuent à faire vivre le lieu, « une communauté chrétienne dans un océan d’islam ».