La situation de la Seine, à Paris, samedi 27 janvier. / Thibault Camus / AP

La Seine continuait sa lente montée à Paris, en attendant le pic de crue prévu dans la nuit de dimanche 28 janvier, tandis que la situation s’améliorait en amont de la capitale, a signalé Vigicrues.

L’organisme de surveillance a affiné sa prévision samedi : environ 5,95 mètres d’eau sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi, soit moins que la crue de juin 2016 (6,10 mètres). A la station du pont d’Austerlitz, dimanche à 5 heures, la Seine qui a continué de monter dans la nuit, était à 5,78 m, soit 14 cm de hausse en 24 heures.

« La montée est un petit peu plus lente que prévu, donc le maximum attendu est décalé dans la soirée de dimanche à lundi », a déclaré une porte-parole de Vigicrues, Rachel Puechberty. Neuf départements étaient toujours en vigilance orange inondations.

Mois de janvier le plus humide en un siècle

A l’origine de ce phénomène de crues, qui touche diverses régions de la France, des pluies importantes sur des sols gorgés d’eau. Le mois de janvier serait même le plus humide depuis 1900, avec cinq fois plus de précipitations que la normale.

« Les perturbations ayant touché le pays depuis la mi-janvier (...) ont généré des crues importantes sur de nombreux cours d’eau du nord et de l’est du pays, encore entretenues par les pluies tombées jeudi sur la Bourgogne et la Champagne. Les niveaux de débordements dommageables sont atteints sur plusieurs d’entre eux dans les bassins de la Seine et de la Saône », explique Vigicrues.

Côté transports, le trafic est interrompu sur la ligne C du RER et sept gares resteront fermées jusqu’à la fin de la crue : Saint-Michel Notre-Dame, Musée d’Orsay, Invalides, Pont de l’Alma, Champ de Mars, Avenue du Président Kennedy, Boulainvilliers.

Les bateaux-mouches, interdits de navigation, restaient à quai et seuls les pompiers circulaient. Les voies sur berge, noyées, sont interdites à la circulation piétonne. Alors que deux personnes à bord d’un canoë gonflable ont été verbalisées samedi matin près de la gare d’Austerlitz, la préfecture a rappelé qu’il était « interdit et surtout extrêmement dangereux de faire du canoë ou de se baigner dans la Seine, dont le débit est actuellement de 1 600 mètres cube par seconde », selon le lieutenant-colonel Olivier Gaudard.

Décrue lente, surveillance des nappes phréatiques

« En aval de Paris, sur les boucles de la Seine, la hausse se poursuivra jusqu’en début de semaine », a ajouté Vigicrues. Colombe Brossel, adjointe à la sécurité de la mairie de Paris, soulignait « une très grande vigilance sur la situation des nappes phréatiques en sous-sol ».

« Les sols sont gorgés d’eau, donc c’est un facteur de vulnérabilité s’il devait encore y avoir de fortes précipitations plus tard dans l’hiver », a prévenu Hervé Vanlaer, directeur général adjoint à la prévention des risques au ministère de la Transition écologique.

Au total, 1 000 personnes ont été évacuées en Ile-de-France, a indiqué la préfecture de police samedi. Et un peu moins de 1 500 foyers sur 6,2 millions sont privés d’électricité, selon Enedis qui a installé quelques dizaines de groupes électrogènes.

« Si l’on parle de revenir complètement à la normale, cela se comptera en semaines », a estimé le patron des services de l’Etat chargés de l’Environnement à la région (DRIEE), Jérôme Goellner. Même si cette crue 2018 a été importante, on a évité le scénario catastrophe d’une crue historique comme celle de 1910, où la Seine avait atteint 8,62 m.